Les 430 passagers marocains qui revenaient d'un pèlerinage à la Mecque, samedi dernier, ne sont pas prêts d'oublier leur mésaventure. Ils ont été contraints de passer la nuit à l'aéroport d'Alger après que des étincelles aient été aperçues sur l'aile droite de l'avion en provenance de Médine. Après des heures d'attente à Alger, un autre avion qui a ramené des pèlerins algériens a transporté ces Marocains à Casablanca. Une des passagères revient via sa fille sur ces heures de vol et d'attente dans le flou total ainsi que sur un atterrissage non autorisé en Tunisie. Entretien. Avec son petit fils. Retrouvailles avec sa fille qui l'a attendue durant 13 heures à l'aéroport Mohamed V. Un pèlerin tout heureux de revenir sain et sauf au Maroc. Encore sous le choc, elle vient se consoler dans les bras d'un membre de sa famille. - Yabiladi : Peut-on revenir sur l'incident qui a contrait l'avion à atterrir à Alger ? - Rabia El Gharbaoui Mounib : Tout d'abord ma mère, Fatimazahra Ottmani, m'a confié que le départ de Médine devait se faire à 13H00 mais les passagers ont attendu jusqu'à 14H30 pour pouvoir décoller. Ils ont donc passé 1 heure et demie dans l'avion avant le départ. L'une des passagères qui était sur un siège à proximité de l'aile droite de l'avion a vu des techniciens intervenir sur un réacteur. Ils étaient en train d'y introduire quelque chose qu'elle n'a pu décrire précisément. C'est après que l'appareil a été mis en marche et le vol vers Casablanca a commencé. - Qui a remarqué que des étincelles provenaient d'une des ailes de l'avion ? Tout est parti d'une personne qui avait un malaise respiratoire dans l'avion. Quand les autres passagers l'ont fait savoir au commandant de bord, ce dernier a demandé s'il y avait un médecin dans l'avion pour lui venir en aide. Heureusement, une femme médecin se trouvait à bord, elle a secouru la personne en difficulté qui était installée sur un siège à partir duquel on pouvait apercevoir l'aile qui sortait des étincelles. Le médecin a remarqué ces étincelles puis a averti un steward qui est venu vérifier sauf que ce dernier n'y a pas cru. Il a dit au médecin que rien ne se passait. - Que s'est-il passé par la suite ? La femme était convaincue par ce qu'elle a vu, elle a insisté et a même appelé une hôtesse pour vérifier. Cette dernière est venue mais tout comme le steward elle n'y a pas cru non plus. C'est lorsque la dame a menacé de crier et de créer la panique que l'une des hôtesses est partie alerter le commandant de bord. Ce dernier est sorti pieds nus de sa cabine en courant, et il reparti en courant et à dit aux passagers d'attacher leur ceinture parce qu'il allait atterrir dans l'aéroport le plus proche à cause d'un problème technique. - Vous avez alors atterri à l'aéroport Houari Boumediene ? Non pas de suite. Il se trouve que l'aéroport le plus porche était en Tunisie. Le pilote a indiqué qu'il avait 20 minutes (visiblement pour l'atterrissage). Il a tenté d'atterrir. L'appareil avait commencé à descendre mais à un moment nous avons remarqué que le vol a repris. Vraisemblablement, il n'a pas reçu l'autorisation d'atterrir en Tunisie. Le vol s'est donc poursuivi jusqu'à Alger avec la même aile droite toujours en fumée et d'où sortait les mêmes étincelles. Lorsque nous sommes arrivés à Alger, l'atterrissage ne s'est pas fait rapidement. L'avion est resté quelques minutes au dessus des eaux internationales. L'autorisation n'a pas dû être obtenue de suite. L'atterrissage n'est survenu que quelques minutes après vers les coups de 17-18 heures. Il s'est fait dans des conditions difficiles. Le pilote a vraiment eu une grande maîtrise. Beaucoup de pompiers étaient aussi à côté de l'appareil pour éteindre le début d'incendie. Nous sommes restés presque une heure dans le même avion sans en sortir. - Y a-t-il eu une panique générale ? Les passagers ont continué de faire des prières. Ils n'étaient pas trop paniqués même si l'atterrissage en Algérie n'a pas été simple, l'avion ayant été pas mal secoué. A chaque secousse, ma mère se disait que c'est la fin. Mais, il n'y a pas eu trop de panique. Une fois la sortie autorisée, les passagers du premier comme du deuxième étage ont voulu sortir de façon précipitée. C'est ce qui occasionné des bousculades. A partir de là, les responsables ont procédé par étape en faisant sortir les passagers par groupe. Finalement, tout le monde est sorti sain et sauf. - Et la nuit passée à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger ? La police et les autorités sur place sont venues rendre visite aux passagers. Leur accueil a été vraiment aimable même si tout le monde ne disposait pas de siège pour pouvoir s'asseoir et se reposer. Certains passagers s'étaient étalés à même le sol pour se reposer. Je déplore le fait qu'il n'y avait ni eau ni nourriture lors de notre arrivée précipitée à Alger. Ce n'est que bien après que des sandwichs pas tout à fait mangeables et quelques bouteilles d'eau nous ont été livrés. - Avez-vous été informés de ce qui s'est réellement passée ? Pas du tout. Je déplore même le fait qu'aucune information n'ait été donnée aux passagers. Personne n'est venu nous dire ce qui s'est produit. Seules les forces de l'ordre algériennes qui étaient sur place avec les passagers ont de temps en temps essayé de nous livrer des bribes d'informations. Elles ont bien fait de communiquer avec nous dans ces situations là. L'Office National Des Aéroports du Maroc devait envoyer des personnes sur place ou au moins donner des informations aux passagers. Il n'a rien fait dans ce sens. - Il se dit que c'est le même avion qui a transporté les passagers à Casablanca. Est-ce exact ? Contrairement à ce qui se dit, nous avons été transportés à Casablanca à bord d'un autre avion qui avait ramené des pèlerins algériens. Ce que je déplore, c'est que c'est l'Arabie Saoudite qui aurait dû nous prendre en charge lorsque nous avons atterri d'urgence à Alger en nous installant dans de bons endroits. Ce sont les Algériens qui ont essayé de le faire. Il y a aussi le fait que les bagages des passagers n'ont pas été pesés, les voyageurs ont ramené tout ce qu'ils voulaient. Il fallait les obliger à peser leurs bagages.