Hier la plénière du parlement européen a adopté un rapport, sans conséquence politique, de l'eurodéputé britannique Charles Tannock sur le Sahel. Bien que l'intitulé du texte soit «la situation des droits de l'homme dans la région du Sahel», Tannock l'a métamorphosé en un réquisitoire contre le Maroc, dénonçant les violations des droits de l'homme au Sahara occidental en épargnant le Polisario. En dépit de sa teneur, dans l'ensemble hostile au royaume, le texte salue les initiatives du Conseil national des droits de l'Homme, notamment les ouvertures d'antennes dans les villes du Sahara. L'issue du vote est une autre satisfaction pour la partie marocaine, l'amendement présenté par l'eurodéputé, Arnaki, proposant de rejeter l'accord de pêche a été refusé à une large majorité. Pour en savoir plus sur ce rapport, ses implications, l'influence du Maroc au parlement européen et la question du Sahara, Yabiladi a interviewé l'eurodéputé, Gilles Pargneaux, président du groupe d'amitié Union européenne - Maroc. Quels conséquences aura ce vote sur la suite des dossiers marocains examinés par le Parlement européen, notamment l'accord de pêche ? Il ne s'agit pas d'une résolution, mais juste d'une intention politique de la part de l'eurodéputé Charles Tannock. De ce fait, le texte n'a aucune conséquence politique sur le Maroc. Ce vote n'est nullement une résolution, comportant tout un dispositif législatif. Mieux encore, les parlementaires ont refusé, majoritairement, un amendement présenté par M. Arnaki (un Italien) sollicitant le rejet du protocole de l'accord de pêche signé entre le royaume et la commission européenne. Ce qui est, d'ailleurs, très bénéfique pour le Maroc, et de bon augure pour la suite de ce dossier. Le parlement devra examiner cette question avant la fin de l'année. Pourquoi le Maroc ne parvient-il pas à asseoir une influence au sein du Parlement européen ? Non, actuellement le Maroc a une influence au sein du Parlement européen. Nous travaillons là-dessus. Comme je l'ai d'ailleurs écrit dans ma tribune, le royaume est la seule vitrine de stabilité dans le monde arabe. Donc, il faut l'aider et l'accompagner dans son développement économique. Avant mon arrivée au parlement en 2009, il y avait une petite minorité d'eurodéputés qui soutenait le Maroc, maintenant les choses ont nettement évolué et il y a plusieurs députés qui sont, sur ce sujet, sur la même longueur d'onde que moi. Est-ce que l'Etat marocain est conscient des nouvelles prérogatives du Parlement européen, telles qu'énoncées dans le traité de Lisbonne ? L'Etat marocain est parfaitement conscient de cette nouvelle réalité. Il ne suffit plus de négocier avec la Commission européenne mais également avec le Parlement européen. Il faut que le Maroc ait une présence accrue à Strasbourg. Le groupe d'amitié tente de défendre les intérêts du Maroc, quel bilan faites-vous de votre action ? Voilà deux ans que le Groupe d'amitié Union européenne - Maroc existe. Nous avons réalisés de nettes avancées. Sur les 775 eurodéputés que compte le parlement européen nous en avons une centaine. Ce qui est très bien. Est-ce qu'il y a une coordination entre le groupe et l'Etat marocain ? Il y a une constante coordination avec l'Etat et les deux Chambres du parlement marocain. A ce titre, je serai, le 25 novembre à Rabat, pour assister à une conférence sur la régionalisation. Le Groupe travaille également en étroite collaboration avec la partie marocaine sur des questions de culture, développement et le Sahara occidental. Justement sur ce dossier que fait le Groupe pour répliquer à la campagne du Polisario au Parlement européen ? Sur cette question, il y a bien une forte méconnaissance des eurodéputés. En vue d'éclairer leur lanterne, le Groupe tient des réunions bimensuelles avec les autres membres des groupes parlementaires.