Il n'y a, à ce jour, aucune découverte de gaz, ni de pétrole au Maroc. C'est ce qu'il faut retenir du dernier communiqué de l'ONHYM parvenu aux médias, mardi matin, concernant l'annonce d'une «importante découverte de gaz» faite le week-end dernier par une agence de presse chinoise. L'Office, qui répond également à toutes les annonces précédentes du genre, insiste en disant qu'il ne s'agit que d'estimation de potentiel et non de réserves. Ce dernier veut sans doute éviter qu'une nouvelle affaire Talsint ne refasse surface. Détails. Le week-end dernier, l'agence de presse chinoise Xinhua, reprenant Al Massae, annonçait la découverte, dans la région de Sidi Mokthar, d'importantes réserves de gaz naturel pouvant atteindre – selon les estimations – 776 milliards de mètres cubes. Les médias marocains ont très vite relayé l'information. Mais ce mardi matin, l'Office dément. «On ne peut pas parler de découverte de gaz ou pétrole. Il s'agit seulement d'estimations d'un potentiel géologique et non de réserves. Seule la réalisation de forages et de tests pourrait éclairer sur l'existence ou non d'hydrocarbures», indique l'ONHYM, dans un communiqué parvenu à la MAP. L'Office ne se limite pas qu'aux informations relayées le week-end dernier, mais répond aussi à toutes celles qui ont précédé. En effet, plusieurs sociétés étrangères d'exploitation ou d'exploration multiplient les annonces de ce genre depuis des années, sans que le Maroc ne parvienne à produire du gaz ou du pétrole. En mai 2012, la société australienne Pura Vida Energy avait créé la surprise, estimant les réserves de pétrole au Maroc à 3,2 milliards de barils. En février dernier encore, la société irlandaise San Leon Energy revenait à la charge, avançant même que le potentiel pétrolier du royaume était jusque-là largement sous-estimé, pour ne citer que ces cas. Autant d'annonces que l'ONHYM n'a jamais confirmées. L'Office préfère rester prudent après la douloureuse affaire Talsint où, en 2000, le roi Mohammed VI avait officiellement annoncé la découverte d'un gisement de près de 2 milliards de barils de pétrole. Et cela s'est avéré au final erroné. Il faut du temps et des analyses D'après les explications de l'Office, «l'évaluation du potentiel pétrolier d'un bassin nécessite de nombreuses analyses et études progressives, parfois très longues, selon la nature et la complexité géologique du bassin considéré». En d'autres termes, il faut du temps pour arriver à définir clairement les ressources du Maroc en gaz et en pétrole. De plus, les travaux d'exploration ont recours à des techniques, en perpétuelle évolution. C'est d'ailleurs pour cette raison que le pétrolier Kosmos Energy Ltd a investi dans une plateforme dernière génération pour explorer les zones de Taghazoute, Essaouira et Foum Assaka. L'Office précise, en outre, que ces types de travaux nécessitent de «très lourds investissements». Et c'est généralement pour attirer les investisseurs que les sociétés étrangères multiplient les annonces sur le potentiel marocain. «N'ayant généralement pas de cash pour assurer la production, elles ont donc intérêt à faire "monter la sauce" [en communiquant sur des ressources prospectives prometteuses, ndlr] afin de vendre au mieux tout ou partie de leur licence à une compagnie productrice», expliquait en début d'année à ce sujet, Christian Besson, analyste de l'Agence internationale de l'énergie. A ce jour, selon l'ONHYM, 31 sociétés pétrolières étrangères ont obtenu la licence d'exploration délivrée par l'ONHYM. L'anglaise British Petroleum (BP) est la dernière en date. Arrivée toute aussi optimiste que ses consœurs, la société devrait entamer les activités de forage au cours du premier trimestre 2014. D'après l'Office, les compagnies déjà avancées dans leur exploration réaliseront les puits d'exploration d'ici fin 2013 et durant l'année 2014. Reste plus qu'à attendre que le potentiel pétrolier et gazier tant vanté se concrétise enfin.