Sauf coup de théâtre, Saâdeddine El Othmani est appelé à quitter le gouvernement. C'est Salaheddine Mezouar qui devrait le remplacer à la tête des Affaires étrangères. Les islamistes perdraient le ministère de l'Economie et des Finances qui reviendrait à une surprise du RNI. Quelques heures nous séparent du gouvernement Benkirane II. Il est fort probable que la nomination du nouveau cabinet soit annoncée demain, à la veille de l'inauguration de l'année parlementaire par le roi Mohammed VI. Tout indique que le différend entre le PJD et le président du RNI sur le ministère de l'Economie et des Finances, soit résolu. Salaheddine Mezouar aurait finalement accepté de renoncer à ce département en échange du département des Affaires étrangères. Certaines informations circulant sur des sites arabophones, placeraient l'actuel ministre des Affaires étrangères à la tête du parlement à la place de Karim Ghellab. Mais contrairement à ce qui est annoncé, Saâdeddine El Othmani ne pourra pas prétendre à ce poste puisqu'il n'est plus député. En choisissant le ministère, il a, en effet, perdu son titre de parlementaire gagné lors des législatives du 25 novembre 2011 au profit du second de la liste du PJD à Mohammedia. Et c'est la constitution qui le dit. Benkirane confirme le départ d'El Othmani Aujourd'hui à Rabat. Le PJD a tenu une réunion consacré à la présentation de la vision des islamistes sur la parité, marquée par la présence du Chef du gouvernement. Au terme de son allocution, et alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, il a confirmé, à des journalistes, le départ de Saâdeddine El Othmani, son grand rival, du département des Affaires étrangères. Des sources avancent que le président du conseil national du parti de la Lampe ne serait pas le seul islamiste sacrifié par Benkirane sur l'autel de l'entente retrouvée avec le RNI. Idriss Azami figurerait également sur la liste des partants. Le département de l'Economie et des Finances reviendrait, de facto, et dans son intégralité au parti de la colombe. «Le prochain argentier du royaume sera une surprise pour l'opinion publique», nous confie une source au RNI sans dire davantage. Un bilan mitigé pour El Othmani à la tête de la diplomatie En accédant au très sensible poste du ministère des Affaires étrangères, El Othmani avait de grandes ambitions. Il avait choisi de réserver son premier déplacement à l'étranger à l'Algérie. Une visite marquée par des déclarations de bonnes intentions, beaucoup de sourires mais rien de concret. Un échec qui a ouvert la voie à d'autres issues de ce genre. Et comme le début n'était pas à la hauteur, la fin de parcours ne l'est pas non plus. Sa présence à une conférence donnée par Tzipi Livni, ministre de la Justice au sein du gouvernement israélien, à New York, au siège de l'International peace institute, sur le processus de paix au Moyen-Orient, va clore son passage à la tête de la diplomatie marocaine. El Othmani a-t-il, encore un avenir en politique ? Certainement oui puisqu'il reste toujours le grand rival de Benkirane au sein du PJD et le seul capable de chambouler les plans du tandem Benkirane-Baha pour le prochain congrès du parti en 2016. Ce départ du gouvernement est une occasion pour lui de se refaire une santé, se rapprocher des bases et consolider ses chances de retrouver la première place au sein du PJD.