C'est officiel, le Maroc est perdu dans l'espace-temps jusqu'au 27 octobre 2013. Vos appareils mobiles ont bien anticipé le passage à l'heure GMT comme annoncé depuis des mois par notre gouvernement. Mais c'était sans compter sur les feintes du ministre El Guerrouj qui est en train de battre des records d'improvisation. Il y a quelque chose de surréaliste au Maroc. Des personnes au départ intelligentes et compétentes se transforment en amateurs improvisant de pseudo décisions politiques maquillées par des déclarations dopées aux superlatifs. Ainsi, le ministre de la Fonction publique a annoncé, in-extremis, un changement dans le changement d'horaire. Ouf il était moins une. Il suffisait d'un retard de la RAM dans le vol retour de Benkirane des Etats-Unis pour annuler la tenue de cet important Conseil de gouvernement non prévu, et ainsi foutre en l'air une décision historique que Abdelâdim el Guerrouj pourra inscrire à son bilan. Ministre GMT Vous ne le savez peut-être pas, mais au Maroc nous avons un ministre dédié au changement d'horaire. Depuis 2010, il est chargé de gérer la lourde tâche du passage à l'heure d'été, puis l'heure d'hiver ramadanesque en plein été, et enfin le retour à l'heure d'hiver à une date fixée à l'avance mais qui peut changer en fonction "des intérêts supérieurs de la nation". Vous n'avez rien compris ? Minute, vous n'êtes pas seuls. 36 millions de Marocaines et Marocains étaient paumés ce matin, tentant de comprendre pourquoi le téléphone était passé tout seul à GMT alors que la veille, le ministre avait annulé le changement d'heure. Les mêmes questions fusaient sur les réseaux sociaux : "C'est quelle heure ? 11h ! Mais c'est l'ancienne ou la nouvelle heure ?". Le Maroc, enfin champion du monde ! Notre ministre a ainsi réussi l'exploit d'embrouiller tout le monde. El Guerrouj vient de battre le record du monde de changements d'horaire en une seule et même année. Figurez-vous qu'en 2013 nous aurons 4 changement d'horaire (au lieu de 2), sans oublier un changement d'horaire fictif qui vient de nous achever. A ce rythme, ce ne sont pas seulement les vaches qui sont perturbés dans leur cycle laitier mais aussi nous autre vache à lait, plus communément appelés contribuables dont les impôts servent à payer les décisions loufoques de nos ministres. Mais ce n'est pas fini, les cigognes aussi perdent le nord. Ainsi les voyageurs qui avaient leur vol ce matin se sont retrouvés désemparés par le vrai-faux passage au GMT. La RAM et l'ONDA qui ont déjà du mal à gérer les petits imprévus, se retrouvent paniqués, un dimanche, face aux centaines de passagers qui ne comprennent plus rien. Changer d'heure, c'est gouverner ? Mais malgré ça, El Guerrouj, en homme endurant, répète inlassablement qu'il y a un avantage économique qui se chiffre en millions de dirhams pour justifier le prolongement de l'heure d'été. Soit, mais cet avantage a-t-il joué à cache-cache pendant de longs mois pour n'apparaitre que ce samedi ? L'improvisation est devenue la marque de fabrique de ce gouvernement. Au XIXème siècle, le journaliste français, Emile de Girardin avait écrit "Gouverner, c'est prévoir". Un siècle plus tard, le maréchal Lyautey, pour adapter la citation au Maroc, la déformera en "Gouverner, c'est pleuvoir". Encore un siècle plus tard, nos politiques à défaut de pouvoir anticiper le temps qu'il fera, s'essayent avec beaucoup d'amateurisme à maîtriser le temps tout court. Si la fin du monde est proche, il est indéniable que le gouvernement Benkirane en est un signe annonciateur.