Cers derniers jours, plusieurs centaines de migrants ont lancé des assauts contre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Ce qui a permis à près de deux cents d'entre eux de rejoindre les deux présides. En Espagne, cette affaire fait beaucoup de remous. Certaines ONG montent au créneau et accusent de Maroc d'encourager ces assauts. Au Maroc, on y voit une volonté de politiser les faits. Détails. Les polices aux frontières ont du pain sous la planche ces derniers jours. Mercredi vers 7 heures du matin, la gendarmerie marocaine a empêché un nouvel assaut sur la frontière de Ceuta, par la plage Tarajal, d'un groupe d'environ 100 immigrés subsahariens, rapporte l'agence de presse EFE, précisant qu'aucun d'entre eux n'a pas eu accéder à l'enclave. Près de 200 migrants entrés à Ceuta et Melilla Mais ce n'est rien comparé à ce qui s'est passé 24 heures plus tôt dans la même enclave. En effet, 350 migrants subsahariens ont tenté de franchir la barrière sépérant la frontière entre le Maroc et Ceuta, mardi. D'après des sources de la police locale, 91 d'entre eux ont réussi à entrer dans la ville autonome. En réalité, le «bal» avait commencé à Melilla mardi vers 6h30 où «environ 300 immigrants subsahariens ont lancé un assaut contre la clôture», selon un communiqué des autorités de Melilla. Ils ont réussi à renverser une partie de la clôture «et sont entrés avec une grande violence, lançant des objets contre les forces de sécurité qui tentaient de contenir l'assaut», indique la même source. Résultat : six membres de la Guardia civil ont été blessés et un immigrant s'est fracturé la jambe après avoir chuté du haut de la clôture. Actuellement, le nombre d'immigrés ayant réussi à entrer dans la ville autonome est estimé à une centaine. Les caméras de surveillance aux postes frontières ont filmé l'assaut et les images sont incroyables. Rabat tirerait profit de ces assauts ? De l'autre côté de la rive méditerranéenne, ces incidents font jazzer. Les ONG sont montées au créneau, dénonçant l'augmentation, ces derniers jours, du nombre d'immigrés qui essayent d'entrer en Espagne, rapporte El Boletin. Elles accusent le Maroc d'en être à l'origine, de part son «attitude» qui inciterait les migrants à commettre ces assauts, rapporte la même source, sans fournir de plus amples détails. Ces associations espagnoles estiment que Rabat tire plutôt profit de ce genre d'assauts, notamment via l'augmentation des aides accordées par l'UE pour la lutte contre l'immigration illégale. «Le Maroc fait de son mieux» Au Maroc, ces affirmations sont rejetées en bloc. «De telles réactions d'ONG espagnoles sont généralement d'ordre politique», déclare d'emblée à Yabiladi, Houria Alami, présidente de l'Association marocaine d'études et de recherches sur les migrants (AMERM). «Dans l'absolu, on pourrait dire que les subsahariens sont utilisés à des fins politiques», ajoute-t-elle. D'après Mme Alami, L'Espagne, tout comme le Maroc, a participé aux «comportements excessifs qu'il y eu aux frontières, entrainant même des morts». C'était, en effet, le cas du Camerounais décédé en mars dernier après avoir été tabassé par les gardes civiles espagnols et les gendarmes marocains. Tous les autres cas de décès et de blessures graves dénoncés ont quelque peu terni l'image du royaume face à la communauté internationale. Aujourd'hui, «le Maroc essaye, tant bien que mal, de traiter au mieux la question de l'immigration illégale», affirme Mme Alami, soulignant que le royaume «a de bons rapports avec plusieurs pays africains et ne souhaite pas qu'ils se détériorent pour des raisons diverses». Le roi Mohammed VI a décidé, la semaine dernière, de régulariser la situation des immigrés résidant illégalement au royaume. Une décision qui a suscité un grand apaisement au sein des communautés subsahariennes présentes au Maroc. De plus, signale Mme Alami, les études menées par l'AMERM ont prouvé que «depuis quelques années, de plus en plus de subsahariens, initialement en transit vers l'Europe, restent sur le sol marocain».