Le quotidien de centre-gauche El Pais, soutient à longueur d'articles que l'archipel britannique est une «colonie». Pourtant, au sujet des enclaves espagnoles Ceuta et de Melilla qui se trouvent en territoire marocain, ou des îles occupées proches des côtes du Royaume, le même terme n'a pas lieu d'être. Le constat est étrange. Le quotidien ibérique El Pais, réputé plutôt à gauche affiche des positions anticolonialistes seulement lorsque les intérêts espagnols sont en jeux. Pour preuve, le journal reprend à son compte le terme «colonie» pour parler de Gibraltar. On peut comprendre que les journalistes d'El Pais voient leur fibre patriotique émoustillée dès qu'il est question de ce rocher occupé par le Royaume-Uni alors qu'il est sur le territoire ibérique. Mais pour rester cohérent, ils devraient utiliser le même terme pour qualifier les enclaves espagnoles en territoire marocain, Ceuta et Melilia. C'est ce deux poids deux mesures qui a choqué le célèbre avocat-blogueur français Me Eolas qui s'est exprimé samedi sur twitter. «Le quotidien El País appelle toujours Gibraltar une «colonie». Je ne me souviens pas qu'il ait jamais fait de même pour Ceuta et Melilla», souligne-t-il. Le quotidien El País appelle toujours Gibraltar une "colonie". Je ne me souviens pas qu'il ait jamais fait de même pour Ceuta et Melilla. — Maitre Eolas (@Maitre_Eolas) August 24, 2013 El Pais sur la même longueur d'onde que les autorités de Melilia Si le Maroc revendique encore la marocanité de ces deux villes, des responsables ibériques continuent, notamment sur les réseaux sociaux, de revendiquer leur hispanité. Juan José Imbroda, le président de la ville de Melilia, avait rejeté tout récemment les comparaisons entre Ceuta et Melilia et Gibraltar, arguant que les deux villes «n'ont rien à voir avec la colonie britannique». Son vice-président, Miguel Marin, soulignait aussi les différences entre les enclaves et le Rocher sur les plans historique, politique et même juridique. Ces dernières semaines, le ton est monté entre l'Espagne et la Grande Bretagne au sujet de Gibraltar. Les autorités du Rocher ont décidé de construire un récif artificiel pour favoriser le repeuplement de la faune locale. L'Espagne a répliqué en décidant de renforcer des contrôles douaniers rigoureux aux frontières de Gibraltar, au motif que ce territoire de 7 km² et de 30.000 habitants, étant une enclave britannique, n'appartient pas à l'espace Schengen. Même si le dialogue est à l'odre du jour, les autorités des deux pays ont dejà envoyé des requêtes à la Commission européenne qui devrait statuer en septembre sur leurs réclamations.