Geert Wilders, leader charismatique de l'extrême droite néerlandaise, a fait une courte visite sous l'oeil des caméras d'un quartier d'immigrés de La Haye, hier, alors que deux jours plus tôt un groupe de jeunes Marocains se seraient fait harceler par des policiers pendant qu'ils visitaient un autre quartier bourgeois de la ville. Tous le monde n'a pas les mêmes droits à la promenade à La Haye, aux Pays Bas. Hier, mardi 21 mai, Geert Wilders, le leader de l'extrême droite néerlandaise s'est promené, entouré par une meute de journalistes et de gardes du corps, à Schilderswijk, un quartier défavorisé de la Haye en accusant ses habitants d'y faire régner la charia, rapporte Noos.nl. Aujourd'hui, de jeunes Marocains racontent sur wijblijvenhier.nl comment des policiers ont voulu leur interdire de se promener dans un quartier bourgeois de la ville. La promenade de Geert Wilders n'a duré que 15 minutes et il n'a pas cherché à parler à la population tout accompagné qu'il était par une dizaine de gardes du corps et une quarantaine de journalistes. La troupe était suivie par près de 25 jeunes habitants du quartier. Geert Wilders est simplement venu dénoncer, sur place, et devant les caméras, l'application de la loi musulmane dans le «triangle de la charia», surnom donné à une partie du quartier de Schilderswijk. Quartier défavorisé de Schilderswijk Cette balade a été organisé en écho à l'article du Trouw, publié le 18 mai, sur ce quartier qui expliquait que les résident non musulmans et musulmans «modérés» se voyaient interdire certaines pratiques que n'aimait pas la majorité «orthodoxe» musulmane comme consommer du porc, de l'alcool ou fumer dans la rue. L'occasion rêvée pour une nouvelle campagne politico-médiatique pour Geert Wilders. «Le problème remonte toujours à ces jeunes Marocains qui sont enrôlés pour aller combattre en Syrie aux côtés des rebelles. Un rapport des renseignements généraux indique qu'il y a une concentration des groupes fanatiques qui les recrutent dans certains quartiers», explique Abdou Menehbi, président du Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling. La question anime beaucoup de débat public et donne du grain à moudre au parti de Geert Wilders qui profite de l'intérêt médiatique pour la question. Quartier bourgeois de Wateringse Veld La promenade provocatrice de Geert Wilders à Schilderswijk prend une résonnance particulière à la lecture du témoignage de Mohammed Anouar, Marocain de Rotterdam, parti se promener, comme Geert Wilders, dans un quartier qui n'était pas le sien, à La Haye, dimanche. «Le 19 mai nous avions l'intention innocente de faire une promenade», raconte Mohammed Anouar. Ils se dirigent vers le beau quartier résidentiel de Wateringse Veld, mais son rapidement arrêtés par un policier qui veut vérifier leur identité. Ils ne trouvent rien de suspect et les laisse partir. «Il fut bientôt évident […] que nous étions littéralement suivis de près par le motard. C'était un peu comme dans un film d'horreur, surtout lorsque ce même motard a commencé à parler avec tous les habitants qu'il rencontrait. Il a probablement essayé de nous décrire comme de graves criminels, et a si bien réussi que tous les passants nous regardaient comme si nous portions tous des cagoules», raconte Mohamed Anouar. Au total, les jeunes gens ont rapidement l'impression d'être suivis par le motard, deux agents dans un fourgon, deux policiers à vélo et un policier en civil. Agacés, ils finissent pas interpeler l'un de ces agents, le forçant à reconnaître qu'il les suivait effectivement avec ses collègues. Celui-ci aurait expliqué qu'il y avait eu des cambriolages dans ce quartier faits par des «personnes comme eux». «Nous étions 'complètement de Rotterdam' et nous n'avions rien à faire là, selon cet agent», rapporte Mohamed Anouar. Comme Geert Wilders.