Quarante imams et conseillers religieux hollandais ont fait le déplacement jusqu'au Maroc pour assister à une conférence sur la radicalisation religieuse. Les hollandais d'origine marocaine ne voient pas cette initiative d'un bon oeil. L'association des marocains des Pays-Bas (SMN) qualifient cette initiative d' « énième tentative du gouvernement marocain de s'immiscer dans les affaires des marocains de Hollande ». Même le Parlement s'en mêle. La SMN, une organisation représentative des ressortissants marocains des Pays Bas, a tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière déjà quant au déplacement des autorités religieuses marocaines. Ladite conférence, chapeautée aux frais du Gouvernement du Royaume chérifien, est à la base destinée à donner une certaine instruction religieuse aux leaders spirituels. Les imams ont quitté la salle dans le calme, en guise de protestation. Habib Khaddouri, membre du SMN, qualifie d'inacceptable le fait que le gouvernement marocain vienne interférer dans les affaires religieuses des Marocains des Pays Bas. « La communauté religieuse marocaine de Hollande doit être capable d'interpréter par elle-même les textes sacrés », affirme-t-il non sans une certaine rancoeur. Driss Al Boujoufi, du Centre de liaison communauté musulmane et pouvoirs publics (CMO), se perd légèrement dans l'agitation ambiante : « Il s'agit d'une conférence à laquelle imams et conseillers spirituels échangent des idées impliquant la jeunesse musulmane et le danger de la montée du radicalisme religieux », rapporte le site radionetherlands.nl. Il ajoute même qu'il n'est pas certain que cette conférence ait été organisée par le Maroc, et ajoutent que les conseillers spirituels officiant dans les prisons y ont été conviés car les jeunes qu'ils côtoient en milieu carcéral sont les plus réceptifs aux courants extrémistes et terroristes. Khaddouri, quant à lui, estime que le Royaume utilise à mauvais escient l'argument du terrorisme pour cacher ses réelles intentions : avoir la main mise sur la communauté marocaine dans ce pays. A ces yeux en tout cas, comme cela est le cas pour plusieurs pays d'Europe, la Maroc enchaîne les « incidents, prouvant ainsi la détermination du Gouvernement à garder un oeil sur sa communauté résidante à l'étranger » Chacun se souvient de l'affaire du policier de Rotterdam, d'origine marocaine, démis de ses fonctions pour avoir transmis des informations confidentielles aux services secrets marocains. Les tentatives d'ingérence de Rabat dans la vie des Néerlandais d'origine marocaine constituent un sujet sensible à La Haye. Un certain Tofik Dibi, député d'origine marocaine, s'est félicité de l'attitude de la communauté marocaine, qui, en s'indignant, a fait preuve de loyauté envers l'Etat néerlandais.