Les traders et hommes d'affaires du Luxembourg ne sont apparemment pas les seuls privilégiés à voyager à bord de jets privés. C'est le cas d'un jeune marocain en situation irrégulière, reconduit au Royaume chérifien sous haute surveillance après un long séjour en centre de rétention, créant une vague de réactions dans le Grand-Duché. Un avion privé a spécialement été affrété dimanche dernier à 16h pour l'expulsion d'un jeune sans-papiers marocain, après plusieurs tentatives de l'Etat luxembourgeois pour le renvoyer via les vols commerciaux normaux, selon une information de L'Avenir.net. L'opération qui s'est déroulée discrètement, après six mois de rétention, reste un cas rare mais elle a été toutefois critiquée par le monde associatif. En effet, quatre militants connus dans le Grand-Duché ont marqué samedi 4 mai leur désapprobation concernant les circonstances de cette expulsion. Serge Kollwelter souligne, notamment, que «la pratique de retenir les personnes en situation irrégulière au Findel pendant six mois avant de les remettre en liberté est absolument dénuée de sens» et «à savoir qu'il ne s'agit pas de personnes qui ont commis un crime mais dont le seul défaut est de ne pas disposer de papiers». Une situation d'autant plus choquante que le jeune homme aura passé, en tout et pour tout, près de deux ans au centre de rétention du Findel, situé à proximité de l'aéroport de Luxembourg, alors que selon la loi luxembourgeoise, les personnes en «rétention» doivent être libérées au bout de six mois. C'est que le jeune marocain a réussi à s'échapper par deux fois lors de tentatives d'expulsion précédentes. Et à chacun de ses retours à la case «centre de rétention», ses compteurs étaient remis à zéro. La politologue Natalie Oberweis a ainsi souligné l'impact financier concernant le déploiement d'un jet privé pour une seule personne aux frais du contribuable dans ce contexte de crise. Le ministre de l'Immigration Nicolas Schmit, quant à lui, explique le recours de cette pratique certes rare mais pas unique «parfois nous n'avons pas d'autre moyen que d'affréter un avion privé. C'est notamment le cas lorsque les personnes refusent de monter dans un avion de ligne ou échappent aux policiers qui les escortent», confie-t-il au quotidien L'Essentiel.