Développer Safi : c'est la priorité actuelle du Maroc qui a lancé ces derniers jours trois grands projets pour développer l'économie de la ville située au bord de l'Atlantique. Le royaume n'a pas choisi de développer cette région en misant sur la pêche ou l'artisanat, mais plutôt en misant sur les phosphates. L'un des trois projets clé lancés est la création d'un site industriel pour booster les activités de l'OCP. Lorsqu'on parle de la ville marocaine de Safi, on pense tout de suite à ses célèbres poteries en céramique colorées connues dans le monde entier et fabriquées dans des ateliers traditionnels, depuis le 12ème siècle. C'est d'ailleurs à Safi que se trouve le plus grand tajine au monde ! Que serait Safi, sans ses célèbres sardines mises en conserves dans les nombreuses usines de la ville ou que l'on peut déguster grillées au bord de ses plages. Les sardines sont pêchées au large de l'Atlantique et rapportées au quotidien sur les quais du port, un port convoité depuis des siècles par les peuples qui ont colonisé le Maroc. Occupée par les Portugais, puis les Français Les activités du port de Safi remontent au 12ème siècle. A cette époque, la ville était le premier port duquel partait les marchandises provenant de Marrakech. Au 16ème siècle, les Portugais mettent la main sur la ville. Puis, ils la quittent. Au 17ème siècle, ce sont les Français, gouvernés par le roi Louis XIII, qui ont les yeux sur la ville. Le consul de France s'installe d'ailleurs à Safi pour garder un œil sur le commerce de marchandises. Le Maroc et la France signent de nombreux accords pour faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays. Néanmoins, à partir du 19ème siècle, la ville ne séduit plus. Elle est désertée. Néanmoins, pour ceux qui connaissent beaucoup moins Safi, peu savent que la ville possède également un important complexe de transformation de phosphate, un complexe crée dans les années 60. Comme les sardines au début du 20ème siècle, les phosphates ont permis, à leur tour de redynamiser la ville, surtout que Safi se trouve à un peu plus de 200 kilomètres de Khouribga et de ses minerais. Safi carbure aux phosphates Les trois méga-projets lancés par le roi Mohamed VI ces derniers jours viennent enfoncer le clou et redynamisent Safi, en faisant d'elle, l'un des pôles de développement importants du royaume. Le 19 avril dernier, le souverain a lancé, tout d'abord, les travaux d''aménagement d'un nouveau port, situé à 15 kilomètres de la ville, avec la construction de nouvelles digues et plateformes logistiques. L'un des principaux objectifs de ce nouveau port est d'approvisionner en charbon une future centrale électrique, en cours de construction dans la ville pour faire face à la demande croissante en électricité, souligne l'Usine Nouvelle. Puis, le second projet est l'aménagement d'un nouveau site industriel appelé «Safi Phosphate Hub» de 1300 hectares pour booster les activités chimiques du groupe OCP dans la région comme la fabrication d'engrais, le traitement d'acide ou la fusion de soufre. Doté également d'une usine de dessalement d'eau, ce nouveau site industriel permettra ainsi d'acheminer et de charger plus vite le phosphate de Khouribga et du nord de Marrakech dans les navires à destination de l'étranger. Cependant, ces deux mégas projets vont prendre plus de 10 ans pour se concrétiser. Le montant total investi par le royaume pour ces deux projets s'élève à 34 milliards de dirhams. En plus de ce des deux réalisations, il faut ajouter la construction de l'autoroute El Jadida-Safi de 145 kilomètres, dont les travaux ont débuté hier dimanche 26 avril. Une autoroute qui coutera au royaume près de 5 milliards de dirhams. Elle permettra de développer ainsi les secteurs touristique, industriel et minier de la région. Avec ces investissements colossaux (39 milliards de dirhams), la ville de Safi pourra enfin renouer avec son lustre d'antan. Lancement des travaux de l'autoroute El Jadida - Safi par le roi Mohammed VI