Benkirane brandit la menace de recourir à des élections anticipées. Sa majorité est au bord de l'implosion. Le PJD est la seule formation qui pourrait sortir gagnante d'une telle perspective. Les islamistes ont le vent en poupe alors que les autres partis sont au creux de la vague. Des élections anticipées au Maroc ? Une option qui compte des adeptes au sein du PJD. Le quotidien Akhbar Al Yaoum, proche de la formation islamiste, annonce que Abdelilah Benkirane n'exclut pas d'inviter les Marocains à un nouveau rendez-vous avec les urnes. Visiblement, c'est la réponse du chef de gouvernement à la montée en flèche des appels à l'urgence d'un remaniement ministériel. La dernière réunion de la majorité, fin mars, a connu le ralliement du Mouvement populaire présidé par le ministre de l'Intérieur, Mohand Laenser, à Hamid Chabat. Le secrétaire général de l'Istiqlal ne cesse de réclamer une telle demande. Seul le PPS de Nabil Benadellah, le ministre de l'Habitat, se mure dans un silence absolu. Les anciens communistes tiennent à préserver leur alliance avec les islamistes, sachant que Benkirane s'est montré généreux avec eux en leur accordant quatre portefeuilles ministériels (Santé, Habitat, Culture et Emploi) alors qu'ils n'ont que 18 sièges à la Chambre des représentants. La popularité du PJD n'a pas pris la moindre ride En brandissant la menace d'élections anticipées, Abdelilah Benkirane est parfaitement conscient de la popularité dont jouit sa formation. Les dernières élections partielles, notamment à Tanger, Marrakech et Fès, ont montré que le PJD, même au gouvernement, n'a rien perdu de sa force de convaincre ses électeurs, connus pour leur discipline. Au point qu'ils ont répondu, massivement, à l'appel de leur direction de voter, lors du scrutin partiel du 28 février, en faveur du candidat PPS à la circonscription d'El Youssoufia. Indéniablement, le PJD a une confortable longueur d'avance sur ses principaux rivaux qui ne pourront pas lui faire de l'ombre : le PAM n'est pas au mieux de sa forme. Le parti se cherche une identité et n'a pas encore tourné définitivement la page de Fouad Ali El Himma. L'USFP est plus que jamais divisé. Les contestataires de Driss Lachgar, qu'un câble de l'ambassade américaine révélé par Wikileaks qualifie d' «opportuniste», s'apprêtent à officialiser la naissance d'un courant politique. Que reste alors dans le paysage politique ? L'Istiqlal de Hamid Chabat ne fait pas le poids face au PJD. Des douze sièges en jeu lors d'élections partielles, la Balance de l'ère de Chabat n'a pu glaner qu'un seul à Azilal. Un autre indicateur de la popularité du PJD : les adhérents. A la Une de l'édition d'aujourd'hui du quotidien Akhbar Al Yaoum un article sur l'augmentation des affiliés à la Lampe, depuis qu'il est au gouvernement. Leur nombre avoisinerait les 23.000 contre 13.000 en 2011. La facture d'élections anticipées serait salée Le coût d'un tel rendez-vous avec les urnes serait le seul obstacle qui se dresserait encore face aux islamistes en vue de renforcer davantage leur présence sur l'échiquier politique. Les élections anticipées nécessiteraient entre 1 et 2 milliards de dh (répartis entres aides aux partis, campagnes médiatiques, impressions, salaires des juges et agents de l'Adminitsration qui supervisent le scrutin). En ces temps de vaches maigres, une telle dépense serait inutile et ne ferait qu'exacerber, davantage, les tensions politiques entre les partis.