Hassan Aalia, condamné à perpétuité dans le cadre du procès du groupe de Gdim Izik, n'était pas présent à son procès. Condamné par contumace, il vit aujourd'hui en Espagne. Dans une interview à la presse espagnole, il raconte sa version des faits. Sur les 24 condamnés du procès de Gdim Izik, un homme manque à l'appel. Pas des moindres, Hassan Aalia a été condamné par contumace à perpétuité, comme 8 de ses co-accusés, le 16 février, par le tribunal militaire de Rabat, dans le cadre du procès du groupe de Gdim Izik. Hassan Aalia était en Espagne lorsqu'il a découvert qu'un mandat d'arrêt avait été émis contre lui par la justice marocaine pour sa participation aux émeutes de Gdim Izik. Il n'est jamais revenu au Maroc depuis, a-t-il expliqué, hier, mercredi 27 mars, dans une interview à La Marea. «Hassan Aalia arrêté et détenu plusieurs jours au moment du démantèlement du Camp de Gdim Izik, a été libéré sans charge. Il n'a été déclaré «en fuite» et recherché qu'au moment où les autorités ont décidé de faire un procès», indiquait le rapport de mission d'observation judiciaire, emmenée par une dizaine de membres d'associations de défense des droits de l'Homme européennes et sahraouies. L'intéressé raconte une histoire légèrement différente : il dit avoir été jugé, condamné puis libéré, une première fois, pour les mêmes faits qui lui ont valu sa condamnation à perpétuité lors du procès de Gdim Izik. Jugé deux fois «Après le démantèlement du camp, […] je me suis caché dans la maison d'un ami et, au bout de deux mois, j'ai décidé de partir. Ce jour-là, j'ai été arrêté. […] Ils m'ont tout fait, ils m'ont torturé comme à chaque fois qu'ils m'ont arrêté [Aalia Hassan milite pour l'indépendance du Sahara depuis ses 17 ans. Il a été arrêté plusieurs fois par la police auparavant, ndlr]. Le quatrième jour, ils m'ont jugé et condamné à 4 mois de prison avec sursis. Imaginez ma surprise quand un an plus tard, ils ont émis un mandat d'arrêt et de capture contre moi pour me juger une nouvelle fois pour les mêmes faits», raconte Hassan Aalia. Il n'est pas revenu pour le procès et a donc été condamné par contumace pour sa participation au meurtre de 11 membres des forces de l'ordre marocaine, comme ses 23 co-accusés. Hassan Aalia raconte qu'il a participé activement à la mise en place du camp de Gdim Izik. «Comme beaucoup d'autres Sahraouis, j'avais une tente dans le campement avec des amis et j'allais et venais à Laâyoune pour aider à amener les gens à Gdim Izik», raconte-t-il. Extradition ? Ce fameux 8 novembre, alors que la police marocaine intervient pour démanteler le camps, déclenchant les affrontements violents qui feront 11 morts parmi les forces de l'ordre, Hassan Aalia est là, mais il ne jette aucune pierre, assure-t-il. «J'ai passé toute la matinée à essayer d'aider les femmes, les enfants et les personnes âgées qui tentaient de fuir le camp lorsque les Marocains sont entrés et ont commencé à raser le camps et à tout brûler», affirme-t-il , aujourd'hui. Aujourd'hui, l'homme risque d'être extradé vers le Maroc par l'Espagne. Des extraditions ont déjà eu lieu entre les deux royaumes. En 2010, le Belgo-marocain Ali Aarrass, poursuivi pour terrorisme, blanchi par l'Espagne avait été extradé vers le Maroc pour y être à nouveau jugé. «Je n'ai pas peur, même si en 2009 l'Espagne a signé un accord à cet effet [accord d'extradition, ndlr] avec le Maroc. Et si je n'ai pas peur c'est parce que si l'Espagne donne un accord d'extradition ce sera une évidence : tout le monde saura que le gouvernement espagnol soutient l'occupation marocaine», explique t-il. Le silence assourdissant des presses marocaine et espagnole sur cet exilé peu banal laisse penser qu'il n'est, en effet, pas question pour l'Espagne d'extrader Hassan Aalia.