Il y a un an, des informations annonçaient une probable visite du président Alassane Ouattara au Maroc. Finalement, elle n'a pas eu lieu mais sans avoir la moindre incidence sur le processus de normalisation des relations entre les deux pays. Sur le Sahara, le président ivoirien a révisé la position de son prédécesseur, favorable au Polisario. Politiquement, les relations s'améliorent. C'est dans ce contexte de bonne entente que s'inscrit la visite royale au Côte d'Ivoire. Une première. La Côté d'Ivoire est la principale étape de la nouvelle tournée royale en Afrique. Le Maroc de Mohammed VI est nostalgique de l'époque des relations au beaux fixe entre les deux pays, du temps de Hassan II et le président Félix Houphouët-Boigny. Une embellie que le régime de Laurent Gbagbo avait stoppé net. De 2000 au printemps 2011, les liens entre Rabat et Yamoussoukro se sont nettement détériorés. La reconnaissance par Gbagbo de la RASD a contribué à l'aggravation de ce climat de tension. Politiquement les deux pays étaient éloignés mais cela n'empêchait pas Laurent Gbagbo de se déplacer régulièrement au Maroc dans le cadre de visites privées (2009, 2010 et 2011) pour se soigner et faire du tourisme. Avec Ouattara, la Côte d'Ivoire adopte la position de Boigny sur le Sahara Le 14 avril 2011, Gbagbo est détenu par les forces françaises. C'est l'épilogue d'un long bras de fer qui l'avait opposé à la communauté internationale. Le musulman Alassane Ouattara, son ennemi juré, accède officiellement à la magistrature suprême en Côte d'Ivoire. Un changement qui profite largement au royaume. Sur la question du Sahara, le nouveau président adopte la position de Houphouët-Boigny. Il l'exprimait d'ailleurs publiquement à l'occasion du 18ième sommet de l'Union africaine tenu les 29 et 30 janvier 2012 en Ethiopie. En marge de cette réunion des chefs d'Etat, Ouattara recevait le ministre des Affaires étrangères, Saâd Dine el Otmani. Une première rencontre suivie en, avril de la même année par une autre mais cette fois à Abidjan. Le chef de la diplomatie était porteur d'un message royal au président Ouattara. La crise au Mali a davantage rapproché les deux pays Revenir à de meilleurs sentiments sur la question du Sahara a donné une nouvelle impulsion aux relations entre Rabat et Yamoussoukro. Sur de nombreux dossiers africains, c'est, désormais, la convergence des vues. La Côte d'Ivoire d'Alassane Ouattara qui aspire à retrouver sa place de leadership sur le continent africain a trouvé en le Maroc de Mohammed VI son meilleur allié pour faire face à l'hégémonie de deux grands pays anglophones, l'Afrique du sud et le Nigéria. Et c'est sur la crise malienne que les deux pays coordonnent leurs actions et jouent, sans la moindre fausse note, la même partition. Le Maroc au conseil de sécurité en tant que membre non-permanent et la Côte d'Ivoire en tant que présidente de la CEDEAO (la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) se sont mobilisés en faveur d'une intervention militaire au Mali contre les groupes islamistes. Si les relations politiques se portent bien, l'économie marque le pas. Et pourtant, la Côte d'Ivoire, avec le retour de la paix, offre de belles opportunités pour les investisseurs marocains dans le transport aérien, le bâtiment, les banques et la télécommunication.