«Durant les deux mandats que vous m'avez confiés à la tête de notre beau pays, j'ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j'avais à plusieurs occasions indiqué, au moment de l'adoption de la Constitution de la IIIe République en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle du 31 Octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération en qui nous devons faire confiance (…) des jeunes ivoiriens honnêtes, compétents, expérimentés qui ont appris à nos côtés comme nous l'avions fait auprès du Père de la Nation Félix Houphouët-Boigny (…) Je veux transférer le pouvoir d'un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire». C'est en ces termes que, dans le discours à la Nation lu ce jeudi 5 Mars, devant les parlementaires ivoiriens, exceptionnellement réunis en Congrès dans le grand amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, le vieux président ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, a mis fin au doute qu'il avait laissé planer, durant de longs mois, quant à son éventuelle candidature à un troisième mandat à la tête de la Côte d'Ivoire en étant convaincu que la nouvelle Constitution de 2016 le lui permet même si ce n'est point là l'avis de l'opposition. Intervenue au terme d'un discours qui aura duré près de quarante minutes et qui était essentiellement consacré au bilan économique et aux résultats sociaux en matière d'éducation et de santé des neuf années de la présidence Ouattara (2011/2020), cette annonce surprise coupe court aux spéculations qui avaient duré de longs mois. «La Côte d'Ivoire rayonne» répètera le président visiblement ému pour lequel ce fut «un honneur de servir (son) pays» avant de préciser que le projet de révision constitutionnelle actuellement en cours d'examen par les députés va se limiter à apporter des aménagements au texte constitutionnel et ne vise, en aucun cas, à servir de « prétexte » pour un maintien au pouvoir comme certains avaient pu le croire. Et si, à l'intérieur du pays, le retrait d'Alassane Ouattara de la course à la présidence de la république en 2020 a été qualifiée par Affi N'guessan, le président statutaire du Front Populaire Ivoirien (FPI) de l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo, de «grand acte qui ouvre le jeu démocratique», à l'étranger, Emmanuel Macron a salué une «décision historique (prise par) un homme d'Etat (et) un homme de parole (par laquelle) la Côte d'Ivoire donne l'exemple». Par de tels propos, le président français bouscule avec force les présidents sénégalais Macky Sall et guinéen Alpha Condé qui, tous deux, lorgnent vers un troisième mandat en dépit des difficultés que cela pourrait engendrer alors que les présidents Mahamadou Issoufou du Niger, Muhammadu Buhari du Nigéria et Abdelaziz de Mauritanie avaient, chacun de son côté, déjà décidé de quitter le pouvoir après leur deuxième mandat. Enfin, avec le retrait d'Alassane Ouattara de la course à la présidence de la Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, l'ancien premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale – qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt – est, pour l'heure, le seul à s'être officiellement déclaré comme candidat à la magistrature suprême du pays. A quels autres candidats ce dernier sera-t-il opposé ? Attendons pour voir…