Le nom de l'auteur de la sculpture du Lion d'Ifrane reste un mystère. Si certaines hypothèses évoquent le sculpteur français Henri Jean Moreau, d'autres suggèrent une création des prisonniers italiens et allemands. Entre diverses affirmations, des recherches désignent Moreau plus souvent, durant les années 1930. Ifrane, dite la petite Suisse du Maroc, est depuis longtemps une destination de vacances prisée tant par les Marocains que par les étrangers. Que ce soit pendant ses hivers enneigés ou ses saisons plus douces, ses paysages à couper le souffle, entourés de forêts de chênes verts alternant avec des cèdres, ne manquent jamais d'impressionner. Pour prouver leur passage par Ifrane, tous les visiteurs se prennent en photo à côté du gardien emblématique de la cité, le Lion de l'Atlas. Sculptée dans la roche, cette statue repose dans l'un des jardins de style européen de la ville. Le Lion d'Ifrane, également connu sous le nom de Gardien de la Forêt, partage un point en commun avec le Sphinx de Gizeh : personne ne sait avec certitude qui l'a créé. Beaucoup ont essayé de répondre à cette question, mais la vérité est encore plus déroutante que la question elle-même. De nombreuses théories ont émergé concernant le sculpteur. Certains prétendent que le lion a été sculpté par un prisonnier italien qui aurait purgé sa peine dans une prison d'Ifrane, pendant la Seconde Guerre mondiale. D'autres récits locaux attribuent la création à un légionnaire allemand ou français. Mais ces récits restent difficiles à vérifier, surtout que le Lion d'Ifrane est antérieur à cette période. Selon «Le Lion d'Ifrane : Une Exposition» à l'Université Al Akhawayn, ce monument est apparu sur des cartes postales dès les années 1930, peu après la fondation de la ville elle-même. «Le lion est visible sur des cartes postales visant à promouvoir cette nouvelle destination de vacances estivales et hivernales», note l'exposition, faisant référence à des images des Archives & Collections Spéciales M6L présentant le lion dès 1933. Une théorie plus logique a émergé, grâce à l'écrivain et enseignant natif d'Ifrane Mohammed El Aouene. Après des années de recherche, celui-ci soutient que la statue a été sculptée vers 1930 par Henri Jean Moreau. Ce dernier était professeur de dessin au Lycée Gouraud à Rabat (aujourd'hui Lycée Hassan II). Le sculpteur français a fréquenté l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, avant de quitter son pays natal en 1928 pour s'installer au Maroc, où il est resté jusqu'en 1954. Dans son livre La Perle du Moyen Atlas (2002), El Aouene suggère que Moreau soit derrière le Lion d'Ifrane, citant le fait qu'en plus de son travail d'enseignant, il a été nommé inspecteur des monuments historiques au Maroc. El Aouene soutient également que le lion aurait été l'une des premières créations marocaines de Moreau. Celui-ci a sculpté de nombreuses autres pièces au Maroc, y compris la statue de la Vierge Marie à l'église d'Ifrane, Notre Dame des Cèdres. Il a également été chargé de créer le monument aux morts du Lycée Gouraud à Rabat, ainsi qu'un buste du sultan Mohammed Ben Youssef. Moreau a travaillé avec divers matériaux, dont la pierre, le bois et la terre cuite. Si la version de El Aouene reste la plus plausible, peu d'autres sources nomment un auteur derrière le Lion d'Ifrane. Mais une chose reste certaine : à travers les décennies, le monument continuera toujours d'attirer les visiteurs de la ville.