En trois semaines, le gel de l'aide étrangère des Etats-Unis a d'ores et déjà eu des impacts réels sur les structures bénéficiaires à travers le monde. Au Maroc, les organisations locales ont dû suspendre nombre d'activités déjà prévues, en plus de voir leur fonctionnement atteindre le point mort. Selon une première enquête de l'association Mobilising for Rights Associates (MRA), le gel des financements étrangers américains a eu des effets immédiats sur plusieurs organisations et structures marocaines locales, à peine trois semaines après la décision de la nouvelle administration des Etats-Unis. Au lendemain de l'élection du président Donald Trump, son cabinet a en effet décidé démanteler l'USAID. En attendant, les bénéficiaires dans plusieurs pays devront faire sans ces programmes d'aides. Sur la base d'un sondage permettant d'identifier les premières conséquences au niveau local, MRA fait savoir que 19% des associations répondantes ont indiqué ne pas avoir encore touché leurs remboursements «pour des dépenses antérieures engagées avant l'ordre d'arrêt des travaux du 24 janvier». Aussi, «17% ont signalé la suspension des paiements des dépenses engagées» après cette date, tandis que «53% ont déclaré avoir dû annuler des activités déjà prévues». Pour leur part, 25% sont désormais en incapacité de payer les salaires du personnel, tandis que 22% ne parviennent plus à prendre en charge les coûts d'opérations de base (loyer, services publics…). Le constat ne s'arrête pas là, puisque 11% des répondant affirment avoir dû licencier du personnel. 22% ont quant à eux décrit «des problèmes dans leurs relations avec d'autres organismes locaux ou bénéficiaires de programmes», tandis que 25% connaissent des problèmes de divers autres ordres. Selon MRA, «il est fort probable que les conséquences néfastes continueront de s'aggraver, si le gel du financement n'est pas levé». La grande partie des impacts réels reste encore à quantifier Sur la base de ces premières données, l'ONG recommande une suspension immédiate de la décision de gel, «afin que les programmes et les paiements puissent reprendre, conformément à l'ordonnance du tribunal du 13 février AIDS Vaccine Coalition v. U.S. Department of State and Global Health Council v. Trump». Dans le même sens, MRA estime que «les responsables de contrats, les contractants et bénéficiaires principaux doivent s'assurer que les associations marocaines locales reçoivent des informations relatives au gel des financements qui soient complètes, exactes et en temps opportun». Ce sondage en ligne a été réalisé du 4 au 16 février 2025, en s'adressant aux organisations marocaines locales, dont la plupart ont «des accords de subvention et de partenariat avec des entreprises ou organisations internationales, bénéficiaires principaux d'un contrat ou d'une subvention américaine». MRA fait par ailleurs état du refus de certaines structures locales de répondre, «invoquant des craintes de représailles ou des craintes que leur participation au sondage ne compromette leurs chances de garder leur financement». Face à cette situation imprévisible, les répondants ont été nombreux à affirmer n'avoir aucune visibilité sur les paiements qui leur sont dus pour des dépenses antérieures ou en cours, outre l'absence d'informations ou de conseils sur les modalités de mise en œuvre de l'ordre d'arrêt des travaux. Aux Etats-Unis, le juge fédéral Amir Ali a rendu un verdict temporaire, ordonnant à l'administration Trump de lever le gel. A la suite d'un procès intenté par l'AIDS Vaccine Advocacy Coalition et le Global Health Council, il interdit par ailleurs au secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et à des fonctionnaires gouvernementaux d'appliquer l'arrêt de travail.