A des centaines de kilomètres de Rabat, la tension à Zaio ne faiblit pas. L'arrestation, le 2 mars, de sept jeunes originaires de la petite ville a mis le feu à la poudrière. La marche du dimanche en est bien la preuve. Un mouvement social qui s'inscrit dans la même ligne que celle des événements de Béni Bouayache, le 8 mars 2012. Le Maroc profond est en ébullition. Après Figuig en décembre, c'est au tour de Zaio, villes proches géographiquement, de se rebiffer contre les autorités locales. La petite ville d'environ 50 000 habitants, relevant de la province de Nador, a connu, dimanche, une grande marche. Entre 5 et 10 000 manifestants, venus également d'Al Hoceima, Berkane, Oujda, sont descendus battre le pavé pour réclamer la libération, sans conditions, de sept jeunes membres de l'association locale des diplômés sans emplois, arrêtés le 2 mars par la police locale lorsqu'ils voulaient s'enquérir sur les raisons et le lieu de l'interpellation, la veille, de l'un des leurs. Ils sont poursuivis pour une série d'accusations dont notamment «atteinte à des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions» «attroupement non-autorisé», «menaces à l'encontre d'un corps constituant» et «résistance à un ordre des autorités de détention d'une tierce personne». Un salafiste parmi les détenus Parmi les sept mis en cause de Zaio figure le secrétaire régional de la Coordination des détenus salafistes, Said El Ili. Ce qui explique la forte présence à la marche de nombreux partisans de ce courant islamiste. De leur côté, des représentants de partis politiques de la majorité gouvernementale comme de l'opposition ont participé à la manifestation du 10 mars. Un geste qui n'est pas dénué de tout calcul politique, ils ne souhaitent pas laisser les salafistes et l'extrême gauche d'Annahj Addimocrati en tirer profit. Ils ont d'ailleurs apposé leurs signatures à un appel demandant la libération des sept prisonniers, l'objectif nodal de la marche de Zaio, mais cela n'a pas empêché la population de réclamer une amélioration de leurs conditions de vie et la réalisation d'infrastructures. Des revendications communes aux mouvements sociaux de Taza, Béni Bouayache et Figuig de l'an dernier. Justement cette colère des habitants de Zaio intervient juste une année après les événements, du 8 mars, de Béni Bouayache et Imzouren. Des incidents qui ont secoué le Rif pendant des mois. Le procès des sept détenus de Zaio débutera, demain, au tribunal de première instance de Nador. Un rendez-vous qui verra la tenue d'un sit-in des familles et des membres du comité local du suivi de cette affaire.