L'implantation de l'avionneur canadien Bombardier pourrait bien constituer une véritable locomotive pour le secteur de l'industrie aéronautique du royaume. L'usine de Renault l'a bel et bien fait pour la filière automobile. Explications. «L'implantation de Bombardier Aéronautique au Maroc, c'est comme l'arrivée d'une star dans une équipe de soccer: ça donne de la crédibilité à toute l'équipe». Le quotidien canadien La Presse ne croit pas si bien dire. C'est, en effet, précisément ce qui s'est passé avec l'implantation, en février 2012, d'une nouvelle usine Renault-Nissan dans la zone industrielle de Melloussa, aux environs de Tanger, dans le nord du Maroc. L'arrivée du constructeur automobile français a attiré plusieurs de ses fournisseurs et fabricants de pièces automobiles dans la région, tels que SNOP, Visteon, Twinplan ou encore Steel Strip Wheels Ltd. «Avant même que la première voiture ne sorte, tout un tissu d'équipementiers est venu s'installer», rappelle Ahmed Fassi Fihri, directeur des investissements de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), interrogé par le journal québécois. Mais surtout, depuis son entrée en service, les chiffres des exportations automobiles ont quasiment été multipliés par cinq, passant de 669,9 millions de dirhams à fin septembre 2011 à plus de 3,42 milliards de dirhams en septembre 2012. Bombardier, qui vient de démarrer le 7 février dernier la production des premières composantes au Maroc, pourrait en faire de même avec le secteur aéronautique. «Ça crédibilise toute la filière» «Bombardier va souhaiter que ses fournisseurs soient à côté de lui», explique Chakib Khalifa, chef de la direction adjoint de la zone franche Midpark. Et d'ajouter : «Ça va nous aider dans notre travail». «Le fait de voir un poids lourd s'installer, ça donne un rayonnement supplémentaire à ce qui se fait au Maroc», affirme de son côté Benoît Martin-Laprade, directeur général de l'usine marocaine d'Aircelle, un fabricant français de nacelles pour les moteurs d'avions, opérationnelle depuis 2006, à Nouaceur, dans la région de Casablanca. «Ça crédibilise toute la filière aéronautique», assure-t-il. «Ça ne peut être que bénéfique». Aircelle Maroc, installée sur une superficie de 20 000 m² couverts avec un effectif de 300 personnes et qui fabrique notamment «des inverseurs de poussée pour les biréacteurs d'affaires Global de Bombardier», n'est pas la seule société à être ravie de l'arrivée de Bombardier au Maroc. La SERMP, une filiale du groupe Le Piston Français, vient d'obtenir, selon La Presse, un nouveau contrat avec l'avionneur canadien pour l'assemblage de pièces du système de sortie de volet du biréacteur régional CRJ1000. Avec l'installation de Bombardier à proximité, la petite entreprise a l'intention d'obtenir d'autres mandats. «Cela fait partie de notre stratégie commerciale», confirme Adel Bidaoui, directeur général de SERMP, cité par la même source. L'équipementier aéronautique français Ratier-Figeac espère, pour sa part, que l'arrivée de Bombardier au royaume permettra de renforcer la chaîne d'approvisionnement locale. «J'espère que ce ne sera pas le dernier gros joueur à s'installer ici, il y a de la place», a affirmé Christophe Delqué, responsable de Ratier-Figeac Maroc. En 2011, le chiffre d'affaires à l'exportation du secteur de l'aéronautique au Maroc a atteint 1 milliard de dollars, pour une croissance annuelle moyenne «comprise entre 15% et 20%».