Renault compte déjà près d'une cinquantaine de fournisseurs de rangs 1 et 2 sur le territoire marocain. Les entreprises qui travaillaient avec la Somaca n'ont eu aucun mal à être qualifiées pour le site de Tanger Med. Pour Bombardier, ce n'est pas si différent que cela. Certaines entreprises en profitent déjà et d'autres installations sont attendues. En 2012, Renault démarre son activité à Tanger Med et en 2013, Bombardier rejoint le groupe Boeing (MATIS) et Airbus (EADS) , sur le MidPark de Nouaceur. Dans les secteurs automobile et aéronautique, les entreprises basées à Casablanca, Tanger, Berrechid ou Kenitra font des mains et des pieds pour figurer parmi les prestataires de ces géants mondiaux. Travailler avec ces grands noms de l'automobile ou de l'aéronautique, partout dans le monde est un enjeu de taille. Concernant la plateforme de Renault-Nissan à Tanger Med, visiblement le pari a été plus facile pour certaines entreprises établies au Maroc. Il s'agit notamment des fournisseurs qui ont déjà un historique avec la Somaca. Les fournisseurs mettent le turbo Car faut-il le rappeler, cette dernière avait déjà un très bon taux d'intégration des composantes produites localement. Mais la liste s'est naturellement allongée avec l'arrivée de l'usine de Tanger Med. «Notre tissu de fournisseurs qui livre SOMACA, s'est bien évidemment renforcée avec le démarrage début 2012 de l'usine de Tanger», explique Mhamed Tazi, responsable de la communication du groupe Renault. Et de rappeler que : «les fournisseurs du groupe créeront à terme, au Maroc, neuf usines greenfield, c'est-à-dire à partir de nouvelles installations». A cela s'ajoutent «quatre usines brownfield, concernant des extensions de capacités et cinq implantations de fournisseurs locaux déjà présents et qui verront le jour», souligne-t-il. L'idée selon laquelle Renault est présent à Tanger Med, mais ce sont les entreprises étrangères, notamment espagnoles, qui en profitent est donc démentie par ces chiffres. Néanmoins, pour le moment, les fournisseurs se concentrent dans certains domaines seulement de l'automobile et qui ne sont pas les plus gros créateurs de valeur ajoutée. «Ce sont les segments à forte intensité de main-d'œuvre qui dominent comme le câblage et le textile», souligne cet opérateur qui travaille déjà avec la Somaca. Certes, aujourd'hui, pas moins de 18 équipementiers de rang 1 et une trentaine de rang 2 sont déjà installés au Maroc. Cependant, ce sont les fournisseurs de câblages et de coiffes pour sièges qui sont les plus nombreux. Evidemment, la présence des majeurs du câblage comme Valéo, Delphi et Yazaki, mais également les géants de coiffes pour sièges tels que Prevent, Sunviauto, Treves et Polydesign montrent que le marché de Renault présente un intérêt de premier ordre pour les sous-traitants. On y retrouve également quelques fournisseurs sur des fonctions telles que l'injection plastique : (Polydesign, Nief) ou encore joints d'étanchéité (Metzeler) et intérieur véhicule (Antolin). Le défi est de renforcer la présence des fournisseurs dans des segments plus technologiques, tels que la tôle, mais également l'électronique et pourquoi pas la mécanique. Parce que pour ce qui est de l'aéronautique, il ne s'agit pas d'un objectif, mais d'une réalité. La quasi-totalité des entreprises installées au Maroc présente un niveau de technicité très élevé. Et ce sont souvent des entreprises qui n'ont aucun mal à être qualifiées parmi les fournisseurs de Bombardier. L'arrivée du géant canadien est considérée comme du pain béni par l'ensemble des opérateurs, comme le soulignait Benoît Martin-Laprade, directeur général de l'Usine d'Aircelle à Nouaceur, dans une sortie récente dans La Presse. «L'implantation de Bombardier Aéronautique au Maroc, c'est comme l'arrivée d'une star dans une équipe de football: ça donne de la crédibilité à toute l'équipe». Il est vrai que Boeing et Airbus sont déjà présents à Casablanca, «mais leurs filiales respectives ne sont pas des donneurs d'ordre de premier plan», souligne Abdelatif Lotfi, spécialisé dans le recrutement des profils pointus pour l'aéronautique. Et d'ajouter que «Matis, filiale commune de Boeing, Labinal et Royal Air Maroc, est spécialisé dans la fabrication de câbles de signalisation lumineux et auditifs, câbles de moteurs». Il s'agit donc d'un fournisseur de la maison-mère dans des produits qui ne sont pas les plus technologiques du secteur aéronautique. Pour Bombardier, l'activité qui a démarré ce mois de février concerne «des éléments de structure pour les commandes de vol de ses avions CRJ». L'avionneur canadien débute son activité dans des usines transitoires en attendant la livraison de son unité de production dont l'investissement porte sur 200 millions de dollars. Il faut dire que certains fournisseurs de Bombardier déjà présents à Nouaceur comptent tirer leur épingle du jeu. C'est le cas notamment d'Aircelle, fabricant de nacelles du groupe Safran, mais également le spécialiste de l'usinage de précision aéronautique, en l'occurrence l'entreprise SERMP. On sait d'ores et déjà qu'Aircelle Maroc fabrique des inverseurs de poussée pour les bi-réacteurs d'affaires Global de Bombardier. De plus, l'usine du français aurait terminé «des capots de soufflante pour les deux premiers avions d'essai du Learjet 85 du Canadien», explique une source proche du groupement des industriels marocains de l'aéronautique et du spatial (GIMAS). En outre, concernant SERMP, un contrat aurait été décroché récemment pour l'assemblage de pièces du système de sortie de volet du bi-réacteur régional CRJ1000. Ce spécialiste de l'usinage veut ainsi développer l'assemblage comme nouveau type d'activité. Pour l'heure, beaucoup parmi la centaine d'entreprises du secteur aéronautique présentes au Maroc, espèrent décrocher un marché avec le nouvel arrivant. Mais comme pour Renault, ce sera toujours plus facile pour les anciens fournisseurs. Les nouveaux devront passer la difficile épreuve de la qualification. Mais, pour sûr, Bombardier est déjà en train de faire des heureux parmi les entreprises de l'aéronautique. Ces dernières devront cependant se battre pour conserver leur position, puisqu'il se murmure que, comme pour le cas de Renault, beaucoup de nouvelles installations se préparent pour deux années à venir, parmi les fournisseurs de l'avionneur.