La lutte contre le terrorisme est érigée en un prétexte pour justifier toutes les violations des droits de l'Homme. Les ONG condamnent ces pratiques et accusent les pays, dont le Maroc, qui ont collaboré avec la CIA dans des opérations de tortures de détenus suspectés d'appartenance à Al Qaida. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, 54 pays ont collaboré avec la CIA dans sa guerre contre le terrorisme. Une nouvelle affirmation qui émane, cette fois de l'organisation Open Society Justice Initiative (OSJI). Dans son rapport, publié mardi, l'ONG dénonce les Etats qui ont ouvert leurs prisons à l'agence américaine ou lui ont accordé des facilités pour avoir ses propres centres de détention pour y torturer, en toute impunité, des prisonniers. Le Maroc, au même titre que l'Algérie et la Mauritanie, est cité à plusieurs reprises dans le document. Des témoignages d'ex-détenus islamistes accusent, ouvertement, les autorités marocaines d'être impliquées dans les opérations de la CIA. Des détenus torturés au Maroc L'ONG révèle le cas d'un ressortissant koweitien Ali Abd al-Aziz Ali (connu également sous le nom de Ammar al-Baluchi), capturé en 2003 par les services d'intelligence pakistanais. «En 2004, il est transféré, dans une prison secrète au Maroc» et «ce n'est qu'en 2006 qu'il est incarcéré à Guantanamo», lit-on dans le rapport, lequel ne précise pas, pour autant, si le détenu a passé deux années au Maroc ou non. Abou Elkassim Britel, un Marocain naturalisé italien en 1999, soupçonné d'être un membre d'Al Qaida, il est arrêté en 2002 au Pakistan. Après des séjours dans les prisons officielles et secrètes du Maroc, ponctués par de brèves phases de libération, un tribunal marocain le condamne à neuf ans. En 2006, la justice italienne, et après six ans d'investigations, reconnaît que Britel n'a aucun lien avec une activité terroriste. Le 14 avril 2011, il bénéficie d'une grâce royale et retrouve, enfin, la liberté. Noor al-Deen, le rapport de l'organisation Open Society Justice Initiative, le présente comme un adolescent syrien, capturé en 2002 au Pakistan aux côtés d'Abou Zoubeida, un proche collaborateur d'Oussama Ben Laden. Il a effectué un passage au Maroc avant d'être transféré dans les prisons de son pays natal. En 2010, l'ONU évoque le cas de trois détenus torturés au Maroc L'ONG, dans un paragraphe pour le Maroc, rappelle qu'en 2010, l'ONU a reconnu que trois détenus victimes de détention arbitraires, l'Ethiopien Binyam Mohamed, l'Italo-marocain Abou Elkassim Britel et le Syrien Noor al-Deen, ont été torturés au Maroc dans un centre de détention situé à Ain Aouda, à une dizaine de Kilomètres de Rabat, réservé aux personnes suspectées d'appartenance à Al Qaida. Par ailleurs, le document revient sur les vols de la CIA réalisés au Maroc par deux compagnies aériennes américaines en 2004, Jeppesen Dataplan et Richmor Aviation. Ces informations ne constituent guère une nouveauté. Déjà en 2007, un rapport rédigé par une commission du parlement européen a pointé du doigt l'implication du Maroc dans le programme de torture de la CIA. La même année, un journaliste anglais, Stephen Grey, publie un livre intitulé «les vols secrets de la CIA» dans lequel il réserve une partie au royaume. Amnesty international et Human Rights Watchs, pour ne citer que ces deux ONG, ont porté les mêmes accusations à l'encontre de Rabat.