Selon le Maroxellois, 4 membres de l'association Conseil européen des oulémas marocains auraient démissionné de leurs fonctions. Un véritable revirement dans cette affaire qui voit soupçonner cette association de graves détournements de fonds. Les révélations du Maroxellois de malversations qui auraient eu lieu au sein de l'association Conseil européen des oulémas marocains (CEOM) ont porté : 4 membres de l'association, Taher Tujgani, son président, et deux administrateurs, Mohamed Kajjaj et El Khammar El Bakali et le porte-parole, ont démissionné, rapporte, aujourd'hui, lundi 4 février, le Soir, selon des informations à paraître dans le prochain numéro du Maroxellois. Le CEOM a été accusé, par Khalil Zeguendi, rédacteur en chef du Maroxellois, dans sa précédente édition, de «dysfonctionnements, incompétences, gestion hasardeuse et dilapidation des biens publics». Abdelkader Chafi, 64 ans, le comptable du CEOM a notamment raconté une journée de rencontre entre prédicateurs bruxellois. Le repas lors de cet évènement (16 plateaux) était facturé à 14 600 euros. Après vérification, le comptable s'est rendu compte que le montant inscrit était quatre fois plus élevé que la norme. Il va tenter de dénoncer, mais sera «harcelé moralement» et licencié. Un budget de 4 millions d'euros En 2010, le CEOM a dépensé 4 millions d'euros, mais Khalil Zeguendi ne sait pas d'où vient cet argent, car l'association est distincte de l'institution officielle royale, fondée en 2008, et nommée Conseil marocain des oulémas d'Europe (CMOE). Taher Tujgani a la particularité d'être président à la fois du très officiel Conseil marocain des oulémas d'Europe et de l'association Conseil européen des oulémas marocains. La confusion entre les deux organismes aux noms très proches a-t-elle permis des détournements de fonds publics ? Dans ses premières révélations, en décembre dernier, le Maroxellois faisait état de plusieurs plaintes déposées contre les membres de l'association CEOM. Repris par l'ensemble de la presse belge, le journal indique que plusieurs plaintes pénales et des dénonciations sociales pour abus de biens sociaux, abus de pouvoir, harcèlement moral et travail au noir visent le Conseil européen des oulémas marocains (CEOM). De la menace à la démission Quelques semaines plus tard, le 10 janvier, le secrétaire général de l'association CEOM publie un communiqué, repris par la MAP, agence de presse marocaine officielle : «à ce jour, le CEOM n'a fait l'objet d'aucune plainte auprès d'une quelconque instance judiciaire», affirme-t-il, au contraire. «Le CEOM a appris avec un grand étonnement et une profonde consternation ces allégations et ces contrevérités qui relèvent du pur fantasme et d'un surréalisme absolu motivé par une volonté évidente et affichée de nuire au Conseil, plutôt que d'un souci honnête et sincère d'établir des vérités liées à son fonctionnement», souligne le secrétaire général dans le communiqué. Il va même jusqu'à menacer de poursuivre en justice le quotidien belge Le Soir, qui a diffusé les informations du Maroxellois. Loin de là, aujourd'hui, il aurait donc démissionné de son poste de secrétaire général. Un revirement complet de situation dans une affaire où les autorités marocaines, à savoir le Conseil supérieur des oulémas marocains et le ministère des Habbous, ne se sont toujours pas exprimés en dépit de la gravité des accusations.