Vendredi, le tribunal militaire de la capitale était sous les feux de la rampe. Y accéder n'était guère une sinécure. Des mesures de sécurité draconiennes à cause de l'ouverture du procès de Sahraouis accusés par la justice marocaine d'avoir tué des éléments des forces de sécurité lors de l'opération d'évacuation du camp de Gdim Izik. Le tribunal militaire de Rabat a reporté au 8 février le procès de 24 sympathisants du Polisario mis en cause dans l'assassinat de onze éléments des forces de l'ordre lors du démantèlement du camp de Gdim Izik en novembre 2010. Après plus de cinq heures de discussions, les juges ont accepté la requête de la défense de lui donner du temps en vue d'une bonne préparation du dossier et convoquer les témoins qu'elle a sollicitée. Concernant ce dernier point, il est lieu de noter que la cour a refusé de faire comparaître certaines personnalités que les avocats des détenus ont souhaité entendre, c'est le cas de l'ancien ministre de l'Intérieur, Taïb Cherkaoui, le gouverneur Mohamed Tricha, à l'époque il dirigeait la direction des Affaires sahariennes au sein de l'Intérieur et la députée du PPS Gajouma Ment Abi. Les trois faisaient partie d'un comité dit de «dialogue» avec les représentants des contestataires du camp de Gdim Izik. Fort déploiement de la police Cette audience, fortement médiatisée, a connu la présence d'observateurs et de journalistes étrangers. Une mobilisation qui est à l'origine de l'installation de traducteurs en langue espagnole, française et anglaise. C'est inédit. D'habitude les traducteurs sont au service des usagers et non du public. Visiblement, la dimension politique de ce dossier a pris le dessus sur le respect de certaines bases élémentaires dans le déroulement de tout procès. Dès les premières heures de la matinée, une source à la capitale, a fait état de la mise en place d'un cordon de policiers afin de parer à tout éventuel affrontement entre les proches des détenus sahraouis et les membres de la Coordination des familles et amis des victimes des événements de Gdim Izik (COFAV). Finalement, il n'y a pas eu d'incidents graves à part quelques moments de tension ponctués par des slogans hostiles des uns et des autres. Cette affaire remonte au début du novembre 2010. Après plus d'un mois, les autorités marocaines décidaient de démanteler un campement de fortune à Gdim Izik, à dix kilomètres de Laâyoune. A cause d'une série d'erreurs commises par les représentants de l'Adminsitartion territoriale marocaine que la direction du Polisario avait habilement exploitées par une médiatisation de l'avant et l'après Gdim Izik au point que le parlement européen adoptait, le 26 novembre 2010, une résolution condamnant l'intervention des forces de sécurité marocaine pour déloger le camp de ses occupants.