Rendue officielle ce mardi 30 juillet, jour de la Fête du trône au Maroc, la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur le Sahara par Paris a rapidement fait réagir la scène politique française. Dans des termes diplomatiques, le président du Sénat Gérard Larcher a appelé l'Algérie à la sagesse, tandis que les élus de gauche restent divisés. La ministre de la Culture Rachida Dati a quant à elle célébré un «moment historique». Qualifiant l'annonce d'Emmanuel Macron de «moment historique», la ministre française de la Culture Rachida Dati a salué la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara par la France, rendue officielle dans un message du président français au roi Mohammed VI, ce mardi. Ce jour-même, la ministre d'origine marocaine a été présente à Tétouan, pour les festivités du 25e anniversaire de la Fête du trône, aux côtés de l'ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier. Sur ses réseaux sociaux, Rachida Dati a notamment reprise des extraits de ce message, rappelant les engagements de Paris à «ancrer la sincérité de son amitié pour le Maroc et l'efficacité de son partenariat avec lui dans une position claire et forte sur les questions les plus essentielles» pour le roi Mohammed VI et son peuple. Emmanuel Macron a souligné, dans ce sens, que le présent et l'avenir du Sahara s'inscrivaient «dans le cadre de la souveraineté marocaine». ???? Honorée d'être présente au Maroc en ce jour historique pour les relations franco-marocaines. Ce cours de l'Histoire est essentiel et irréversible. Nous en sommes tous les architectes. Hommages soient rendus à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et au Président de la République… pic.twitter.com/2ed9fYSygt — Rachida Dati ن (@datirachida) July 30, 2024 Se félicitant de cette annonce qui augure la fin de la crise diplomatique entre les deux pays, Rachida Dati a insisté que «la souveraineté du Maroc est indiscutable». «La position du Président de la République Emmanuel Macron est une évolution majeure et positive, qui conforte la souveraineté du Royaume du Maroc», a-t-elle écrit. «Ce cours de l'Histoire est essentiel et irréversible. Nous en sommes tous les architectes», a encore souligné la ministre de la Culture, dans une série de tweets. «Hommages soient rendus à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et au Président de la République Emmanuel Macron pour leurs visions ambitieuses pour nos deux peuples qui savent que, d'une rive à l'autre de la Méditerranée, notre avenir ne peut être que commun.» Rachida Dati De son côté, le président du Sénat français, Gérard Larcher, a salué la décision du président français, en rappelant que «la position de la France sur ce dossier sensible n'avait pas été réévaluée depuis 2007», date à laquelle Paris a reconnu le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara comme une «base sérieuse, réaliste et crédible afin d'apporter des solutions pragmatiques». Le président du Sénat répond à l'Algérie Selon Gérard Larcher, il est désormais «temps de tenir compte des réalités et de sortir d'une ambigüité stérile. Cette évolution est le fruit d'une longue maturation», indique un communiqué du Sénat. Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron en mars dernier, l'élu issu des rangs de Les Républicains plaide «pour une initiative diplomatique en ce sens, qui lui paraissait incontournable». En réponse à la réaction anticipée du côté algérien, Gérard Larcher a par ailleurs souligné que cette décision n'avait «pas vocation à porter atteinte à la relation entre la France et l'Algérie, fondée sur de solides intérêts partagés», mais plutôt à permettre «d'ouvrir de nouvelles perspectives». A la suite de la position rendue officielle par Paris, Alger a annoncé retirer son ambassadeur de la capitale française. Pour le président du Sénat, l'intérêt est surtout de «débloquer, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, une situation qui n'est à l'avantage de personne, jouer un rôle de facilitateur entre deux pays amis et construire la paix». Les élus plutôt divisés sur la position d'Emmanuel Macron Du côté des députés français, la question divise. Elu de la neuvième circonscription des Français établis à l'étranger, Karim Ben Cheikh (Nouveau front populaire) a salué, ce mardi, la position de la France sur la souveraineté marocaine du Sahara. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, il qualifie cette évolution de «clarification» apportée par le président sur le dossier. «Cette déclaration, attendue par nos partenaires marocains, réaffirme notre soutien au Maroc et en faveur de son plan d'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, reconnu comme seule base pour une solution politique durable, sous l'égide des Nations unies.» Karime Ben Cheikh Selon l'élu, «cette prise de position ouvre des perspectives d'espoir pour l'avenir des relations bilatérales entre la France et le Maroc et pour toute la région». «En ces temps de transformations globales, il est crucial de renforcer nos partenariats avec des pays clés comme le Maroc, acteur incontournable en Afrique et sur la scène mondiale», a-t-il ajouté. «Ma conviction, défendue de longue date, est que la proposition d'autonomie au Sahara est la seule solution autour de laquelle il est réaliste et possible d'articuler les questions de développement, de sécurité et de stabilité régionale, au bénéfice des populations locales», a encore souligné Karim Ben Cheikh. Mais à gauche, les diverses tendances ne sont pas du même avis. Secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel s'est ému de la colère algérienne. Sur ses réseaux, il a mis en garde sur une «crise diplomatique grave». Dans ce sens, il a estimé qu'Emmanuel Macron avait «trahit la position historique et équilibrée de la France sur les droits du peuple sahraoui comme sur les résolutions de l'ONU». Même son de cloche cher Europe écologie les verts. Secrétaire nationale du parti, Marine Tondelier a qualifié la position française de «fiasco international de Macron», contraire au «respect du droit international et du droit des peuples à l'autodétermination».