En 1979, les communistes espagnols organisaient un voyage en Espagne au profit de 100 enfants des camps de Tindouf. Aujourd'hui, le Forum de Soutien aux Autonomistes de Tindouf porte un regard très critique sur le programme «Vacances en paix», mettant en garde contre le «déracinement des ambassadeurs de la paix». Le Polisario a lancé, la semaine dernière, une nouvelle édition de «Vacances en paix». Chaque été des centaines d'enfants originaires des camps de Tindouf prennent la destination de certains pays européens, notamment l'Espagne, pour y passer quelques semaines chez des familles d'accueils. Souvent, ce séjour se prolonge sur quelques années, avec la bénédiction du Polisario. C'est ce que dénonce, ce dimanche 30 juin, par le Forum de Soutien aux Autonomistes de Tindouf (FORSATIN). Dans un communiqué, l'ONG pointe les dérives du programme «Vacances en paix», ayant pour «principal objectif de faciliter l'adoption d'enfants sahraouis par des associations et familles européennes». Un processus qui «suit une série d'étapes sous différentes appellations : activités créatives, visites, voyages, campagnes thérapeutiques mais qui visent surtout à les déraciner». FORSATIN précise que le choix des enfants n'est pas fait au hasard. «Les enfants appartiennent à des minorités tribales ou sont orphelins». Deux facteurs qui assurent, expliquent la même source, à la direction du Polisario le «silence des familles» biologiques ou de leurs proches installés dans les camps de Tindouf. Alors que les enfants des membres de la direction du Polisario et des grandes tribus poursuivent leurs études en Europe ou dans certains pays d'Amérique latine. Des familles à Tindouf séquestrent leurs propres enfants La première édition de «Vacances en paix» remonte à l'été 1979. Le Parti Communiste Espagnol avait alors organisé un voyage en Espagne au profit de 100 enfants sahraouis des camps de Tindouf. Par la suite, l'adoption par des familles européennes, notamment espagnoles, s'est invitée au programme initié par les camarades. Malgré toutes les précautions prises par le Polisario, ce programme connait des dérapages. Des familles perdent patience, se révoltent et refusent le «déracinement» de leurs enfants, n'hésitant pas à les «séquestrer» lors de leurs retours à Tindouf. En mars 2016, Human Rights Watch (HRW) avait appelé l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à la veille de sa visite dans les camps de Tindouf, à demander au Polisario de faciliter la libération de trois femmes : Maâloma Morales de Matos, une ressortissante espagnole, Darya Embarek Selma, et Najiba Mohamed Kacem, séquestrées par leurs familles dans les camps de Tindouf. Le Front s'est alors plié à la volonté des familles afin de ne pas revivre les protestations populaires ayant suivi l'exfiltration, en novembre 2014, de Mahjouba Mohamed Hamdidaf, une ressortissante espagnole interdite pendant des mois par ses parents biologiques de rejoindre sa famille d'adoption en Espagne. En plus des drames familiaux, les enfants de «Vacances en paix» n'échappent pas à l'instrumentalisation politique par le Polisario. En août 2018, le Vatican a été contraint de publier une mise au point en réaction à l'exploitation médiatique d'une photo du pape François en compagnie d'enfants sahraouis à Rome.