Après chaque tentative par l'Algérie de courtiser ses alliés africains et européens sur la question du Sahara, le Maroc riposte. La Sierra Leone, la Centrafrique, le Sénégal et la Slovénie, sont les exemples éloquents de ce premier semestre 2024. L'année dernière, ce fut le cas avec la Serbie. L'Algérie peine à convaincre des pays africains et européens, proches du Maroc, à défendre les positions du Polisario. Dans une riposte aux succès remportés par le royaume auprès de pays autrefois considérés comme alliés de l'Algérie et de l'Afrique du sud, comme la Zambie ou les Etats du Sahel, la diplomatie du voisin de l'Est a multiplié les initiatives en direction de partenaires du Maroc, sur les deux continents. La Sierra Leone, un pays qui reconnait la marocanité du Sahara et siège en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a été la première cible de l'Algérie. Ainsi, le 3 janvier 2024, Alger déroulait le tapis rouge au président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio. S'en est suivi des réunions officielles entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, en marge de la 37e session du sommet ordinaire de l'Union africaine, organisé en février à Addis-Abeba. Au menu de la rencontre, l'examen des moyens de «préserver la dynamique que connaît l'action africaine commune dans le soutien aux causes justes dans le monde», dont notamment «la question de la décolonisation du Sahara occidental», indiquait alors la diplomatie algérienne dans un communiqué. Des efforts qui se sont révélés vains. Le ministre des Affaires étrangères, Timothy Musa Kabba, a réaffirmé, le 22 avril à Rabat, l'appui de la Sierra Leone à la marocanité du Sahara. Des revers en Afrique et en Europe Après ce revers, l'Algérie a immédiatement mis le cap sur la République de Centrafrique, un pays qui reconnait aussi l'intégrité territoriale du royaume. Le 19 mai, le ministre algérien des Affaires étrangères, recevait à Alger, son homologue centrafricaine, Mme Sylvie Baïpo-Temon. Ahmed Attaf s'est félicité, dans une déclaration à la presse, de «l'attachement» d'Alger et Bangui «aux principes solides consacrés dans la Charte des Nations unies ainsi que dans l'Acte constitutif de l'Union africaine». Il a également affirmé le soutien de son pays à «la République Centrafricaine dans le domaine de la formation des ressources humaines et du renforcement des capacités et est pleinement disposée à renforcer la coopération pour faire face aux défis communs, au premier rang desquels, le fléau du terrorisme». Trois semaines après ses promesses algériennes, la Centrafrique a réitéré, le 10 juin à Rabat, son appui à la marocanité du Sahara. Pour rappel, le Maroc assure, en la personne de l'ambassadeur Omar Hilale, la présidence de la Configuration République Centrafricaine, un mécanisme mis en place par l'ONU pour instaurer la stabilité dans ce pays africain. Les Forces armées royales (FAR) participent aux opérations de maintien de la paix en Centrafrique. Après Bangui, l'Algérie a tenté sa chance avec le Sénégal, aux relations traditionnellement fortes avec le royaume. En témoigne l'ouverture, le 5 avril 2021, d'un consulat général à Dakhla. Le 22 mai, Ahmed Attaf arrivait à Dakar, porteur d'un message du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue sénégalais nouvellement élu, Bassirou Diomaye Faye. Mais moins d'une semaine après cette visite, le Sénégal réitèrait son appui à la marocanité du Sahara. Le dernier épisode dans cette série de revers algériens est signé par la Slovénie, un autre membre non-permanant du Conseil de sécurité. La Slovénie a qualifié, mardi 10 juin, le plan marocain d'autonomie au Sahara de «bonne base pour parvenir à une solution définitive et consensuelle» au différend régional, sous les auspices du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel pour le Sahara occidental. Pour mémoire, le Premier ministre slovène, Robert Golob, s'était rendu le 27 mai à Alger où il a eu des entretiens avec le président Abdelmadjid Tebboune. Une visite marquée par un communiqué de presse enthousiaste. Un enthousiasme refroidit par Ljubljana. D'autres pays d'Europe centrale adoptent la même positon sur la question du Sahara, comme le Groupe de Visegrád, composé de la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie et la Slovaquie. Quant à la Serbie, elle a déjà exprimé, en juin 2023, son soutien à l'intégrité territoriale du royaume, soit deux semaines après la viste d'Ahmed Attaf à Belgrade.