Suite aux incidents du 16 mai dernier à Perpignan, les agriculteurs français et espagnols se sont alliés pour organiser un nouveau bloquage, lundi 3 juin. Lors de cette opération de force, il se sont interposés à la frontière franco-espagnole, sur l'A63, protestant contre ce qu'ils perçoivent comme «une concurrence déloyale» de la part des producteurs marocains de fruits et légumes. Sur Franceinfo, le secrétaire général de la Confédération marocaine de l'agriculture (COMADER) a répondu à ces accusations. Les agriculteurs français et espagnols réclament une harmonisation complète de la politique agricole européenne, tout en dénonçant les bas coûts de production au Maroc. Indigné, le secrétaire général de la Confédération marocaine de l'agriculture (COMADER) réfute ces allégations. Sur Franceinfo, Youssef Alaoui a affirmé que les produits marocains respectaient les normes sanitaires européennes, rendant impossible leur commercialisation en France en cas contraire. «Sinon vous ne trouverez pas la tomate sur les étals français (...). Il y a des organes de contrôle, il y a la répression des fraudes et j'en reviens aussi à l'étiquetage d'origine, c'est effectivement bien mentionné origine Maroc.», a-t-il déclaré, dans une interview au français. Le syndicat ajoute : «Nous, en tant qu'agriculteurs, n'acceptons pas que des produits normés européens avec l'étiquetage Maroc soient bloqués.» Concernant les différences de prix entre les tomates marocaines et françaises, le représentant explique que l'ensoleillement constant et les infrastructures modernes, comme la station de dessalement de la région d'Agadir, permettent au Maroc de produire des tomates à moindre coût, tout au long de l'année. «Nous avons un ensoleillement permanent qui fait vraiment toute une différence», souligne-t-il, avant de compléter que produire des tomates en hiver en France nécessiterait des serres chauffées, très énergivores et par conséquent, très polluantes. Youssef Alaoui rappelle que le Maroc a un salaire minimum et une couverture sociale en rapport avec son niveau de vie. Il réfute également l'idée de généraliser les conditions de travail marocaine à toute l'Europe, évoquant un «faux débat comme celui du plombier polonais». Il termine par souligner le statut privilégié de la France qui bénéficie d'une balance commerciale excédentaire avec le Maroc, notamment grâce aux exportations de blé et de fromage. Ainsi, l'attention excessive portée à la tomate cerise serait qu'un simple sujet de diversion : «J'ai l'impression que la tomate cerise, c'est pour cacher un peu tous les problèmes de l'agriculture française.», conclut Youssef Alaoui. Contexte concurrentiel européen du marché de la tomate Les tensions entre les producteurs de tomates marocains et européens, notamment espagnols et français, s'expliquent par les dynamiques changeantes du marché européen. Historiquement dominé par les producteurs espagnols, le marché de la tomate dans l'UE a vu une montée en puissance des exportations marocaines. En 2015, les ventes espagnoles dépassaient de 109 % celles du Maroc, mais cette différence s'est réduite à 17 % en 2023. Au premier trimestre de l'année, le Maroc a même devancé l'Espagne en exportant 19 % de tomates en plus. Ces changements ont suscité des inquiétudes chez les producteurs européens, qui perçoivent les tomates marocaines comme une menace en raison de leurs coûts de production plus bas. Malgré les avantages compétitifs liés au climat et aux infrastructures, les agriculteurs européens accusent leurs homologues marocains de concurrence déloyale, exacerbant ainsi les tensions commerciales et menant à des actions de protestation, comme en témoigne l'évènement du 16 mai dernier. La COMADER avait déjà répondu aux agriculteurs manifestants français, à travers un communiqué de presse, affirmant qu'il se réservait «le droit de défendre les intérêts légitimes des exportateurs marocains».