Les appels à la moralisation de la scène politique sont presque une constante dans les discours du roi Mohammed VI, et ce depuis son accession au trône. Face à la succession de procès de parlementaires, le souverain a décidé de passer à la vitesse supérieure. Ce mercredi 17 janvier, le Maroc commémore le 60ème anniversaire de la constitution du 1er Parlement élu du Royaume. Un événement marqué par l'organisation d'un symposium à Rabat, avec la participation de délégations étrangères. La commémoration a connu la lecture d'un message du roi Mohammed VI, adressé aux participants dont lecture a été donnée par le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami. Tout en se félicitant du «niveau élevé de maturité» atteint par les institutions représentatives au Maroc, le souverain a insisté de nouveau sur la moralisation de la scène politique. En dépit des réalisations accomplies, il importe de redoubler d'efforts afin que la démocratie représentative institutionnelle puisse «se hisser au niveau que Nous lui souhaitons et qui ferait honneur au Maroc», a-t-il indiqué. Une ambition dont la réalisation exige «l'adoption d'un code de déontologie qui soit juridiquement contraignant pour les deux Chambres de l'institution législative», a souligné le roi Mohammed VI. Après les appels, Mohammed VI passe à la vitesse supérieure Cet ordre royal à l'élaboration d'un code de déontologie pour les parlementaires intervient alors qu'une vingtaine de députés et conseillers parlementaires sont poursuivis par la justice, en état de liberté provisoire ou derrière les barreaux, pour mauvaise gestion des deniers publics, détournements de fonds publics ou trafic de drogue. Ce bilan non-exhaustif ne comprend pas les présidents de communes, jugés par les tribunaux du royaume ou qui ont été destitués par le ministère de l'Intérieur. En 2022, le département Laftit avait révoqué, 18 présidents et 30 vice-présidents de communes pour conflit d'intérêts dans la gestion de leurs collectivités territoriales. De son côté, la Cour constitutionnelle a déchu des parlementaires de leurs sièges et a convoqué des élections partielles dans certaines circonscriptions. Le phénomène prend actuellement des proportions inquiétantes alors que le Maroc souhaite s'ériger en «modèle de démocratie parlementaire» en Afrique. Une autre facette du «soft power» du royaume qui risque d'être lourdement impactée par la multiplication des procès et scandales. Pour mémoire, le roi Mohammed VI a déjà appelé, par exemple dans son discours du 20 août 2011, à «mettre en œuvre les dispositifs de moralisation de la vie politique et parlementaire». Un message martelé par le souverain, le 13 octobre 2020, lors de l'ouverture de l'année parlementaire. «La moralisation du processus électoral (…) est à même de permettre à une élite imprégnée des vertus de dévouement au service de l'Etat et du service public, de rectitude et d'honnêteté, d'assumer la responsabilité de la gestion de la chose publique» d'émerger, avait-il insisté. Après les nombreux appels, le roi Mohammed VI passe désormais à la vitesse supérieure, en ordonnant l'adoption d'un code de déontologie juridiquement contraignant pour les élus. Le Maroc a rendez-vous avec des élections législatives, en été 2026. Le gouvernement et le Parlement ont donc un délai de deux ans pour se mettre d'accord sur le contenu de ce code. La balle est dans leur camp.