Ce mardi, la chambre criminelle à la Cour d'appel d'El Jadida a démarré les audiences d'un éducateur sportif, mis en cause dans des faits de pédophilie. En août dernier, l'homme de 57 ans est apparu en flagrant délit d'attentat à la pudeur sur des mineurs, dans une vidéo filmée sur la plage de Oualidia. Des ONG espèrent désormais que cette procédure sera une occasion pour élucider des faits antérieurs. La chambre criminelle de première instance près la Cour d'appel d'El Jadida a examiné, ce mardi, le dossier d'un responsable sportif impliqué dans des faits de pédophilie, documentés l'été dernier sur la plage de Oualidia, au sud de la ville. En août, une vidéo devenue virale a en effet donné lieu à l'arrestation du mis en cause, apparu en flagrant délit d'attentat à la pudeur sur des mineurs. Après avoir entendu des plaignants, en présence de familles d'autres enfants se disant victimes, le tribunal a reporté les suites de l'audience au 21 novembre prochain. Ce délai devrait permettre à l'homme de 57 ans d'être assisté par un avocat, qui devrait préparer sa plaidoirie. En septembre dernier, une première audience devait se tenir, avant d'être reportée. A l'issue de l'enquête préliminaire, «le juge d'instruction a précédemment ordonné de poursuivre le mis en cause en détention préventive, pour traite des êtres humains, attentat à la pudeur sur mineur et excursion non autorisée», a confirmé ce mardi à Yabiladi Bilal Belfquih, président de la section régionale de l'Organisation des pionniers enfants du Maroc à Casablanca-Settat, partie civile dans cette affaire. «Outre les faits incriminés relatifs au séjour du mis en cause à El Jadida avec une vingtaine d'enfants, après avoir fait croire aux parents une sortie estivale dans le cadre de son association sportive, d'autres plaintes ont été déposées auprès de la police judiciaire dans le quartier de Sidi Moumen à Casablanca», ajoute l'associatif. Président de l'Association des champions d'Anassi à Casablanca, le mis en cause serait en effet impliqué dans d'autres faits. L'ouverture de ce dossier a permis à d'autres parents et enfants de briser le silence. «Plusieurs témoignages au sein du club sportif suggèrent que l'homme aurait exercé des pressions sur les mineurs dans divers contextes. Il semble que ce récit revient de manière récurrente et cohérente auprès de nombreux inscrits», selon Bilal Belfquih. Dans ce sens, l'affaire en cours a exhumé aussi des drames antérieurs, qui pourraient mettre en cause le même individu. Pédophilie à El Jadida : Des ONG saisissent la justice et se portent partie civile Mettre la lumière sur les faits incriminés et sur un précédent En mai dernier, un enfant du même club a été déclaré mort, après une noyade dans des circonstances mystérieuses. A la suite des révélations ayant donné lieu au procès en cours, les parents du défunt sont sortis également du silence. Dans des déclarations médiatiques, ils ont indiqué notamment que le jour du drame, leur fils avait accompagné le mis en cause à une sortie à la plage. L'homme est revenu sans la victime, annonçant que celle-ci aurait été emportée par les courants maritimes. «Aujourd'hui, on essaye de comprendre si cette noyade était accidentelle, comme avancé par l'encadrant, ou si elle revêt un caractère criminel ayant permis de passer sous silence d'autres faits», ajoute Bilal Belfquih. A l'issue de la séance de ce mardi, l'avocat de la partie civile Me Hicham Hartoun a pour sa part déclaré que «concernant le dossier de l'enfant décédé en mai dernier, des démarches préliminaire sont menées pour obtenir une réouverture, dans l'espoir que la justice pourra faire connaître la vérité». Par la même occasion, «les requêtes de la partie civile dans le cadre de l'affaire en cours ont été déposées auprès du tribunal, au nom des plaignants et de l'association Touche pas à mon enfant», a ajouté l'avocat. L'été dernier à la suite des révélations sur les faits à El Jadida, la section régionale de l'Organisation des pionniers enfants du Maroc à Casablanca-Settat et l'association Touche pas à mon enfant se sont portées partie civile. Dans leurs sorties, elles ont fustigé l'impunité de prédateurs sexuels qui ternit le travail des structures actives dans la promotion de la culture du sport comme hygiène de vie saine pour les jeunes. Les premières révélations ont indiqué que le mis en cause avait notamment induit en erreur les parents des victimes, en leur faisant croire que cette excursion entrait dans le cadre d'une colonie de vacances. La Fédération nationale des colonies de vacances (FNCV) a alors exprimé son indignation, en appelant à faire appliquer les peines maximales. Elle a par ailleurs souligné que contrairement à ces fausses allégations, l'association incriminée n'est liée à aucun programme national, l'individu ayant organisé la sortie de son propre chef.