Les prises de bec entre le PAM et le gouvernement dirigé par le PJD ne se comptent plus. Le vendredi 8 novembre, une vive altercation a eu lieu entre Abdelilah Benkirane et le groupe du Tracteur à la 2ème Chambre et hier c'est l'empoignade entre le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, et les députés du PAM à la 1ère Chambre, sur le débat sur l'abolition de la peine de mort au Maroc. L'ONU presse les pays à abolir la peine de mort. Une fois tous les deux ans, elle soumet à l'approbation de l'Assemblée générale une résolution en ce sens. C'est désormais un rituel. Et il l'est également pour le vote du Maroc. Le dépouillement des voix a donné le résultat suivant : 110 en faveur de l'abolition (c'est mieux que les 107 enregistrés en 2010), 39 contre et 36 pays se sont abstenus. Pour la quatrième fois, le royaume a opté pour l'abstention. Un choix qui le place au même rang que l'Afghanistan. Cette position a été au cœur d'une question orale à la Chambre basse du parlement. Le groupe PAM a interpellé le ministre de la Justice et des Libertés sur les raisons de ce vote contraire aux souhaits de certains partis de l'opposition et une majorité des associations des droits de l'Homme. Dans sa réponse, Mustapha Ramid a commencé par souligner que l'abolition de la peine de mort suscite un débat intéressant au niveau mondial avant de passer au vif du sujet : défendre la décision marocaine aux Nations-Unies en rappelant que la dernière exécution au Maroc remonte à 1993. Apparemment agacé de justifier la position de Rabat, depuis le 20 novembre dernier, jour de l'adoption de la résolution à New York, le ministre PJDiste a dit «ne pas comprendre tout ce brouhaha autour de cette question», estimant que la société marocaine est divisée entre les abolitionnistes et ceux qui veulent le maintien de cette condamnation. Une division qui existe, poursuit Ramid, au sein même de la Haute instance du dialogue social sur la réforme de la justice. L'article 20 de la constitution contre des versets du Coran Nullement convaincue par les arguments du ministre de la Justice et des Libertés, Khadija Rouissi, députée du PAM, a répliqué en affirmant que le débat sur l'abolition de la peine de mort au Maroc ne relève pas du «brouhaha», assurant qu'il est parfaitement conforme à l'article 20 de la loi fondamentale qui stipule que «le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit.» L'ancien membre de l'Instance Equité et Réconciliation a exprimé sa surprise du vote du Maroc, rappelant que feu Driss Benzekri, le président de l'IER, s'était engagé dans le chemin de l'abolition. Reprenant la parole, Mustapha Ramid n'a pas raté l'occasion pour donner une autre lecture de l'article 20 de la constitution, totalement différente de celle du Mme Rouissi. Et de conclure par citer des versets du Coran appelant aux châtiments des criminels.