Les divergences entre le PJD et le PPS refont surface. Interpellé sur la question de l'abolition de la peine de mort par Nouzha Skalli, députée PPS et ancienne ministre du développement social, de la famille et de la solidarité, Mustapha Ramid, ministre de la justice, affiche une position qui va à l'encontre de celle de ses alliés au PPS. La députée a, en effet, interrogé le ministre pjdiste sur l'abstention pour la quatrième fois consécutive du Maroc au vote du moratoire international sur l'abolition de la peine de mort. «Cette abstention me choque d'autant plus que l'Algérie a voté pour ce moratoire en 2007 et que la Tunisie a fait de même en 2010. Je ne comprends pas le message qu'on veut passer à travers cette posture», affirme Mme Skalli. L'échange entre cette dernière et le ministre à l'hémicycle a failli virer au clash. Car dans sa réponse, Ramid a exprimé son étonnement sur la position de l'ancienne ministre. «Vous vous dites choquée aujourd'hui alors que n'aviez pas montré les mêmes sentiments lorsque le Maroc s'est abstenu alors que vous étiez ministre», a t-il dit. De son côté, Nouzha Skalli a affirmé à ALM que la position du ministre de la justice ne reflète pas la position des autres composantes de la majorité concernant l'abolition de la peine de mort. «La réponse de M. Ramid a été marquée par la position de son parti et ne reflète donc pas la position de toute la majorité. Le PPS a une position claire la dessus. Nous avons d'ailleurs demandé dans le mémorandum du parti sur la réforme de la constitution en 2011, l'abolition de la peine de mort. De même, les autres composantes de la majorité, sans vouloir m'exprimer à leurs places, ont des positions plus ouvertes», explique Mme Skalli. Et de poursuivre : «Nous restons optimistes en raison notamment de l'inscription du droit à la vie dans la Constitution ainsi que les recommandations de l'IER (Instance d'équité et de réconciliation). Bien que le Maroc n'ait pas exécuté un condamné à mort depuis plus de 20 ans, la loi doit garantir le droit à la vie. Nous sommes aujourd'hui pour l'ouverture d'un débat y compris avec ceux qui s'opposent à l'abolition». A noter que la députée est membre du réseau parlementaire marocain pour l'abolition de la peine de mort. Ce réseau regroupe 208 députés dans les deux Chambres, regroupant les partis de la majorité et ceux de l'opposition. Le plaidoyer de ce réseau n'a pas encore convaincu le gouvernement. Le ministre de la justice a reconnu dans sa réponse devant les parlementaire que l'abolition de la peine de mort reste un problématique et que la société n'a pas encore une consensus sur la question. Pour rappel, il ne s'agit pas d'une première divergence entre Ramid et les députés du PPS. En effet, le ministre de la justice avait réagi de la même manière à une remarque d'une députée du même groupe il y a quelques mois concernant un amendement.