Au moins cinq membres de la Ligue des Etats arabes seraient défavorables à la réadmission de la Syrie au sein de l'instance panarabe. Soutenue en grande partie par l'Arabie saoudite, qui cherche encore un consensus avec ses alliés, l'idée ne fait pas l'unanimité, notamment auprès du Maroc qui fait partie des réticents. L'éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes ne bénéficie pas encore de l'unanimité des membres. Le Maroc figurerait ainsi parmi au moins cinq pays ayant «refusé» cette réadmission, au même titre que le Koweït, le Qatar et le Yémen. L'Egypte a montré aussi des réserves, malgré les nombreuses réunions tenues récemment à ce sujet, au Caire, ainsi que les déclarations publiques sur une possible «réconciliation», selon le Wall Street Journal citant de hauts responsables arabes. A un mois de la tenue du Sommet de la Ligue en Arabie saoudite, les Etats n'ont pas encore communiqué officiellement autour de leurs positions. Les hésitations des capitales arabes et surtout dans la région du Moyen-Orient s'expliqueraient notamment, mais pas uniquement, par les appréhensions de la réaction de l'allié américain, selon le Wall Street Journal. La question revient à l'ordre du jour, dans un contexte où l'Arabie saoudite accueillera, vendredi 14 avril à Jeddah, une réunion pour discuter du retour de la Syrie dans le giron arabe. Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres du Conseil de la coopération du Golfe (CCG) y prendront part, ainsi que leurs homologues de Jordanie, d'Egypte et d'Irak. Composé de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn, d'Oman, du Qatar et du Koweït, le CCG devrait trouver un accord entre ses différents membres, d'autant que certains parmi eux n'accueillent pas positivement le retour de la Syrie à la Ligue. Un «consensus arabe» et un «changement sur le terrain» pourraient cependant faire changer le Qatar de position, selon un responsable cité mardi par l'agence de presse Reuters. Ce retour est par ailleurs très soutenu par Riyad, qui fait face à un désaccord avec ses alliés clés. Le Maroc pose le non soutien au Polisario comme condition de retour Le 16 novembre 2011, une exclusion provisoire de la Syrie de la Ligue des Etats arabes est entrée en vigueur, dans un contexte de répression des opposants au président Bachar al-Assad, alors qu'un plan de paix négocié avec le régime est resté caduc. La Ligue a alors appelé au retrait des ambassadeurs arabes à Damas, «aussi longtemps que le régime syrien n'appliquera pas les conditions de ce plan». Alors ministre des Affaires étrangères et Premier ministre du Qatar, Hamad Ben Jassem Al-Thani a demandé des sanctions. L'instance panarabe a exprimé, à ce moment-là, son intention de décider des mesures économiques et politiques contre la Syrie. Dans ce même contexte, Rabat a rappelé son ambassadeur, en novembre de la même année, alors que des manifestants pro-régime ont attaqué l'ambassade du Maroc à Damas. Aussi le royaume a abrité des rencontres de représentants de haut niveau des nations du groupe des Amis de la Syrie, en décembre 2012 à Marrakech, après la formation d'une coalition d'opposition syrienne. Dans un autre registre, le royaume accueille un nombre de réfugiés syriens ayant fui le pays, depuis le début de la guerre. Depuis 2019, la diplomatie marocaine a nuancé sa position, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita ayant prôné plutôt «une coordination arabe» concernant le retour de Damas à la Ligue. Parmi les pays membres, chacun pose désormais des conditions spécifiques au retour de la Syrie. Ainsi, le Maroc voudrait «voir al-Assad mettre fin à son soutien au Front Polisario», porté par le régime syrien notamment après la Marche verte de 1975 et renouvelé à plusieurs occasions, comme en 2013, analyse le Wall Street Journal. Selon la même source, les Etats réticents à un retour immédiat reprochent au président al-Assad ses positions inchangées autour de plusieurs questions, à commencer par celle de l'opposition politique syrienne, ou encore son refus du déploiement de troupes arabes pour la protection des réfugiés de retour, ainsi que la non-répression du trafic de Captagon et les liens de Damas avec l'Iran. «Bien qu'al-Assad ait réussi à récupérer la majeure partie du territoire syrien», depuis la montée de Daech dans la région, «ses propres troupes sont épuisées» et l'armée s'appuie sur le soutien russe ou encore iranien, constituant autant de points dont les capitales arabes tiendraient compte pour définir leur position.