Les internationaux marocains se sont distingués par leur prestation spectaculaire, lors du Mondial de football tenu au Qatar fin 2022, mais les clubs semblent montrer moins d'engouement pour se rallier un membre des Lions de l'Atlas. Pourtant, les semaines ayant suivi la grand-messe sportive, beaucoup de rumeurs ont circulé, au vu de l'évolution de la valeur marchande des joueurs. Malgré la belle prestation des Lions de l'Atlas, demi-finalistes de la Coupe du monde, le mercato hivernal risque d'arriver à son terme sans transfert concret de joueurs marocains vers des grands clubs. Pourtant, beaucoup de rumeurs ont circulé depuis la fin du Mondial, même des informations sur des négociations concrètes, sans accords concluants. Le cas d'Azzedine Ounahi au sein d'Angers SCO reste le plus emblématique de ces dernières semaines, de même que celui de Sofyan Amrabat à la Fiorentina. Après le Mondial de football, disputé au Qatar, les annonces se sont multipliées au sujet du transfert de ces joueurs. Mais concrètement, aucun contrat n'a été signé. Il est à rappeler qu'en milieu de saison, il est difficile de remanier l'effectif. Les achats de nouveaux joueurs ne permettent pas de combler un besoin stratégique et vital au jeu de l'équipe. Journaliste sportif en France, Samy Mojtabi confirme à Yabiladi que le mercato hivernal est toujours «très complexe, pour tous les joueurs et pas uniquement nos internationaux marocains après la Coupe du monde de Qatar». Pour cause, «ce n'est pas un mercato qui permet de réaliser de très gros transferts, car il sert plutôt à opérer des ajustements au sein des clubs». Un contexte inadéquat aux changements majeurs Le mercato des Lions de l'Atlas en est donc directement impacté, bien que le Mondial ait été une belle vitrine pour les joueurs du Onze national, notamment Hakim Ziyech qui a pu démontrer son talent malgré le faible temps de jeu à Chelsea, Azzedine Ounahi qui a été flamboyant, ou d'autres valeurs sûres comme Sofiane Boufal et Sofyan Amrabat. «Les noms de ces quatre footballeurs en particulier sont revenus souvent dans les scénarios de transferts rapides, depuis la fin de la Coupe du monde. Mais il faut comprendre qu'en saison hivernale, il faut que les clubs des deux côtés du processus de transfert soient gagnants», analyse Samy Mojtabi. «Si la Coupe du monde s'était tenue en été, je suis convaincu que nos joueurs auraient trouvé preneurs à des montants très avantageux et en un temps court. Or, nous sommes maintenant en janvier, en pleine saison des championnats tenus en Europe. En mercato estival, un joueur comme Ounahi aurait notamment été transféré à un prix intéressant pour lui comme pour son club, mais ont se retrouve aujourd'hui avec des formations qui proposent la moitié de la réelle valeur marchande que mérite désormais ce joueur.» Samy Mojtabi Selon le journaliste, la réticence des clubs à se séparer actuellement de leurs bons éléments, comme à Angers SCO, est compréhensible dans ce contexte. De plus, ce club «se bat actuellement pour se maintenir en première division et il ne souhaiterait laisser partir un élément comme Ounahi que si la somme proposée correspond aux attentes des uns et des autres». C'est également le cas pour Boufal et Amrabat, souligne-t-il. Sofyan Amrabat, «meilleur milieu de terrain» du Mondial 2022 ? «N'oublions pas non plus le problème global du football, où les joueurs africains sont relativement sous-évalués, comparé à d'autres internationaux», ajoute encore Samy Mojtabi. Selon lui, tous ces facteurs «justifient aujourd'hui que les clubs vendeurs fassent de la résistance, en refusant de brader leurs joueurs». «Angers SCO est en position de force en conservant Ounahi et Boufal pour encore six mois, d'autant que les joueurs savent qu'ils ne sont pas en danger. Quoi qu'il arrive, ils trouveront un point de chute adéquat, l'été prochain, ce qui convient aussi à leur club et en attendant, ils continuent à être titulaires et à faire leurs preuves sur le terrain, après le temps de récupération qui a été nécessaire», explique-t-il encore. Ancien footballeur professionnel belgo-marocain, Nordin Jbari abonde dans le même sens. Premier marocain à intégrer la sélection nationale de Belgique, actuellement consultant sportif pour la RTBF et Eleeven, il souligne auprès de Yabiladi que «pour des joueurs comme Amrabat et d'autres internationaux marocains qui ont fait une belle Coupe du monde, leurs clubs profitent de cette saison pour augmenter les prix de transferts, afin de demander des sommes plus importantes qu'il y a quelques mois». «De ce fait, les différentes parties prenantes négocient, attendent, réfléchissent et essayent de trouver un terrain d'entente. On parle de joueurs qui ont disputé la demi-finale du Mondial, qui ont pris de l'ampleur et cela a augmenté leur valeur marchande», indique-t-il. Eviter de brader les joueurs Du point de vue du mercato, Samy Mojtabi estime que le timing de la Coupe du monde «est tombé très mal» et que «le mois de janvier n'est pas le plus propice à opérer des transferts décisifs». «De leur côté, les joueurs sont nombreux aussi à ne pas être toujours partants pour changer de club durant cette période de la saison», analyse-t-il. Il rappelle que «même l'été dernier, avant le Mondial, un joueur comme Boufal a eu des propositions intéressantes mais au vu du timing, notamment de l'approche de la Coupe du monde, il a préféré rester à Angers SCO, privilégier ce temps pour la préparation, dans un environnement stable et au sein d'un effectif qu'il connaît bien». Nordin Jbari rappelle que dans ce contexte, des clubs veulent aussi vendre plus cher, mais d'autres restent réticents à opérer des transferts avec de nouvelles valeurs marchandes élevées. «C'est là que les négociations s'entament, sans oublier que beaucoup de transferts dans le mercato se font à la dernière minute, avant minuit. C'est une stratégie de certains clubs, qui répondent aux dernières offres à prendre ou à laisser», rappelle-t-il. «Il existe des joueurs dont le contrat arrive à terme dans six mois. Les clubs se posent donc des questions sur les stratégies de vente», ajoute l'ex-international. «Le mercato hivernal permet de faire surtout des changements et des ajustements d'appoint, en privilégiant les joueurs qui n'auront pas besoin de temps de récupération et qui peuvent être tout de suite opérationnels sur le terrain, surtout s'il s'agit de transferts pour remplacer un joueur important blessé ou absent.» Nordin Jbari Aujourd'hui, en plus de leur bonne prestation au Mondial, nos internationaux «ne sont pas dans l'obligation de partir de leurs clubs actuels, en ce mois de janvier», hormis le cas de Hakim Ziyech, qui lui a été gardé sur le banc de touche pendant plusieurs mois au sein de Chelsea, estime pour sa part Samy Mojtabi. «Amrabat est une pièce maîtresse à la Fiorentina, qui fait plutôt une bonne saison, comme les autres joueurs dont nous parlons, il est jeune, ce qui est à son avantage», observe-t-il. Des surprises avant la clôture du mercato Que les transferts ne se fassent pas aussi rapidement qu'on le pensait, juste à la fin du Mondial ne remet pas en question la qualité de joueurs de nos internationaux marocains, selon Samy Mojtabi. «C'est la période et le contexte qui ne sont pas favorables à opérer de réels changements de club», souligne le journaliste. Dans ces dynamiques, le rôle des agents des joueurs à faire aboutir des transferts intéressants garde également son importance. Durant la Coupe du monde, pour reprendre le cas de Ounahi, ce dernier «a reçu presque des centaines de propositions de clubs et le problème est qu'il y a eu une sorte d'imbroglio, puisque plusieurs agents mandatés l'ont proposé à différents clubs, ce qui n'est pas en faveur des joueurs», indique encore Samy Mojtabi, rappelant que «c'est pour cela qu'Ounahi a tiré au clair ce point-là, en se séparant de son agent précédent pour être désormais sous l'aile de Medhi Benatia». «N'oublions pas le rôle des agents, surtout qu'il est question de négocier pour des transferts qui valent des millions de dollars, pour des joueurs qui n'avoisinaient pas ces sphères, il y a quelques mois. Les rétrocommissions sont importantes, donc les agents préfèrent aussi attendre la bonne transaction pour les propositions qui viendront en juin et en juillet.» Samy Mojtabi Pour sa part, Nordin Jbari précise qu'«il peut y avoir aussi des accords qui ne fuitent pas publiquement et à travers lesquels les footballeurs et les formations qui souhaitent les accueillir s'accordent sur un processus dans les six prochains mois». De l'avis du commentateur et ancien footballeur, il existerait des négociations de cette forme, actuellement. «Cela dit, je ne serai pas étonné qu'il y ait également une dernière offre pour l'un de nos internationaux, avant la fermeture du mercato».