Dimanche 14 octobre se déroulait en Belgique les élections municipales et provinciales. Au terme du scrutin, 130 candidats d'origines marocaines ont été élus pour siéger sur les bancs des différents conseils communaux, de Wallonie notamment, et de Bruxelles en particulier. Importante, cette victoire sonne pour eux le début du vrai combat politique. Hicham Ibane, Farida Tahar et Mohammed Arbai doivent être satisfaits. Peut-être pas à titre personnel mais satisfaits en tout cas des résultats des élections communales et provinciales qui se sont déroulées ce dimanche en Belgique. Et pour cause : dans les 589 communes que comptent la Wallonie et la Flandre, près de 130 élu(e)s d'origine marocaine (dont 95 à Bruxelles) ont été désignés pour siéger sur les bancs des différents Conseils communaux de Belgique, indique le CCME dans un communiqué publié sur son site web, mardi soir. Bonne représentation en Wallonie et à Bruxelles Marqué par le véritable «raz-de-marée» des nationalistes flamands – qui se sont emparés de la première ville de Flandres, Anvers, pourtant fief historique du Parti socialiste belge – ces élections ont également vue la montée en puissance des élu(e)s d'origines marocaines, notamment à Bruxelles et en Wallonie. A Bruxelles Ville par exemple, 15 d'entre eux ont été désignés pour siéger au conseil municipal pour les six années à venir, soit autant qu'à Molenbeek-Saint-Jean, où 15 élu(e)s d'origines marocaines devraient faire prochainement leur entrée au sein du conseil de la commune. En région wallonne, le Parti socialiste, «qui abrite la majorité écrasante des élus(e)s d'origine marocaine», confirme sa domination, consacrant ipso facto leur émergence sur la scène politique belge. Charleroi est la ville qui compte le plus grand nombre de ces élus en Wallonie, juste devant Liège. En Flandres en revanche, où les résultats ont été marqués par la nouvelle percée de l'Alliance Néo-Flamande (NVA), «le nombre d'élus(e)s d'origine marocaine est trop faible par rapport au sud du pays, tout comme en Communauté germanophone» précise le CCME dans son communiqué. Une bataille remportée, mais pas la guerre Le clivage politique très marqué entre la Wallonie et la Flandre semble donc influer directement sur le degré de représentativité des élus d'origines marocaines dans ces deux régions. Bien représentés en Wallonie, ces derniers sont toujours sous-représentés en Flandres où l'avènement du NVA semble avoir clairement joué en leur défaveur. Par ailleurs, il est à noter que si à Bruxelles – en Wallonie donc – de nombreux échevins (adjoints au maire) d'origine marocaine devraient émerger dans les jours qui viennent, les «chances d'avoir un bourgmestre (maire) d'origine marocaine sont encore trop maigres, voire nulles» indique le CCME. Avec le scrutin de dimanche, les élus d'origines marocaines ont donc remporté une victoire, mais pas la guerre. Et de guerre, il y en a une à mener, notamment contre la discrimination à l'accès aux postes de responsabilités. C'est d'ailleurs précisément cette discrimination qui avait poussé le candidat belge d'origine marocaine, Hicham Imane, à créer un site humoristique à l'appellation provocatrice « pourquoinepasvoterpourunarabe.be » au milieu du mois de septembre. Objectif de la démarche : déconstruire de façon sarcastique les poncifs de certains belges à l'endroit des élus d'origines marocaines et les amener à réfléchir sur leur a priori. Alors, objectif atteint ? Au vu des résultats du scrutin du 14 octobre, il semblerait que oui. Partiellement, tout du moins.