La malnutrition avance au Maroc. C'est le constat de l'organisation mondiale de l'alimentation (FAO). La situation n'est pas encore alarmante comme elle est en Afrique subsaharienne. Dans son rapport, rendu public le mardi, sur «l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde» en 2012, la FAO note que durant les deux dernières années, 5,6% des Marocains sont victimes de malnutrition. Un chiffre en nette progression et qui met un terme à une longue série de baisse enregistrée pendant plus de 22 ans. L'organisation onusienne, basée à Rome, souligne que depuis 1990, le Maroc avait réussi à endiguer la propagation de la malnutrition parmi la population. La FAO constate qu'elle était de 7,1% de 1990 à 1992 pour ensuite subir une diminution, entre 1999 et 2001, se situant à 6,2%. La même tendance s'est poursuivie de 2004 à 2009 avec le pourcentage de 5,2% de l'ensemble des Marocains. Cette avancée de la malnutrition résulte, en effet, des mauvaises précipitations enregistrées durant les deux dernières années. Résultat, nous avons assisté à la succession d'une saison agricole moyenne en 2011 et d'une autre mauvaise en 2012 avec respectivement 8,4 millions de tonnes de productions céréalières contre 5,1 millions tonne, soit une baisse de 39,1% en glissement annuel. En 2012, la récolte du blé tendre a dépassé les 2,74 millions de tonnes, 1,3 MT pour le blé dur et 1,2 MT d'orge. Des chiffres très loin de ceux réalisés une année auparavant «la seule récolte de blé tendre locale atteignait 4.17 millions de tonnes», note une étude comparative de l'Oxford Business Group. Ailleurs dans le monde Dans son rapport, la FAO note qu'entre 2010 et 2012, «la sous-alimentation chronique touche encore un nombre inacceptable de personnes, près de 870 millions dans le monde. Selon les estimations, l'écrasante majorité –quelque 850 millions de personnes, soit un peu moins de 15% de la population, vivent dans des pays en développement». La FAO a également appelé les pays importateurs de céréales, comme c'est le cas du Maroc, à œuvrer pour une relance de la croissance agricole, «outil particulièrement efficace de lutte contre la faim et la malnutrition. La plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême sont tributaires de l'agriculture et d'activités connexes et en tirent une partie importante de leurs moyens d'existence. La croissance agricole mobilisant les petits exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil d'autant plus efficace de lutte contre l'extrême pauvreté et la faim, qu'elle permettra d'accroître les revenus du travail et de créer des emplois pour les pauvres», lit-on dans le texte de l'organisme onusien. «Risque moyen» au Maroc en 2013 Parallèlement au rapport de la FAO, le bureau d'étude anglais, Maplecroft a publié, le mercredi 10 octobre, son indice sur les risques de famine dans le monde en 2013, le Maroc y est placé dans la zone de «risque moyen». Une place que le royaume partage avec de nombreux pays en Europe, notamment de l'Est, et d'Amérique latine, Brésil et Argentine, notamment. Cependant, le Maroc pourrait subir de plein fouet, à l'instar des autres pays arabes, les conséquences d'une éventuelle mauvaise saison agricole en Russie et aux Etats-Unies. La sécheresse qui a frappé les deux pays en 2012 a nettement favorisé le renchérissement des produits céréaliers.