Le ministère de l'Intérieur a expulsé, jeudi soir vers le Maroc, un migrant ivoirien arrivé en embarcation, il y a deux mois, même si une décision précise qu'un juge a ordonné au département de s'abstenir d'exécuter cette mesure jusqu'à ce que son cas soit analysé, indique l'agence EFE. Le citoyen ivoirien L.S. était détenu au centre de rétention des étrangers (CIE) de Barranco Seco, à Las Palmas de Gran Canaria. Hier soir, il a été remis à Casablanca aux autorités marocaines vers 22h30, sans lui permettre de parler à l'avocate qu'il avait désignée pour sa défense, dénoncent les ONG Caminando Fronteras et la Coordinadora de Barrios. Deux heures et demie avant l'expulsion, le tribunal d'instruction numéro 3 de Las Palmas de Gran Canaria a ordonné à la direction du CIE et à la Délégation du gouvernement dans la province de de ne pas refouler le migrant, jusqu'à ce que les allégations de l'intéressé aient été examinées. Caminando Fronteras et la Coordinadora de Barrios dénoncent aussi le fait que l'avocate de L.S. n'ait pas pu rencontrer son client, malgré avoir tenté de le faire mercredi et jeudi. «Rien n'indique que le gouvernement espagnol ait accompli l'une des formalités prévues dans l'accord bilatéral avec le Maroc», qui a donné lieu à l'expulsion, estiment-elles, soulignant que «L.S n'a été informé que 24 heures avant d'être renvoyé dans un pays qui n'est pas le sien». Les ONG considèrent aussi que le migrant «a été privé de son droit d'être représenté en temps et en forme par son avocat désigné», au détriment de la défense de ses «intérêts légitimes» et avertissent que son «intégrité physique peut être menacée au Maroc». «Les droits humains aux Iles Canaries sont devenus la monnaie d'échange des intérêts géostratégiques de la région, en particulier du Royaume du Maroc. De telles pratiques constituent une ingérence dans la démocratie de la communauté canarienne et créent un précédent très grave dans les relations hispano-marocaines bilatérales», concluent-elles.