Fort de l'adhésion de plusieurs pays à l'appel, du 6 novembre 2021, aux partenaires traditionnels du royaume de soutenir le plan d'autonomie au Sahara occidental, le roi Mohammed VI a réaffirmé la centralité de la question du Sahara dans son discours du samedi 20 août. Un message à la France pour emboîter le pas aux Etats-Unis, l'Espagne, l'Allemagne et les Pays-Bas. La question du Sahara est une constante dans les discours du roi Mohammed VI. Son allocution d'hier à l'occasion de la commémoration du 69e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, du 20 août 1953, n'a pas dérogé à la règle. Le souverain s'est félicité de l'adhésion de «nombreux pays influents» à l'initiative d'autonomie, proposée par le Maroc en 2007, qu'ils considèrent «comme la seule voie possible pour le règlement de ce conflit régional artificiel». Le roi a notamment salué la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara, officialisée le 10 décembre 2020 par l'ancien président Donald Trump. Une décision qui «nonobstant le changement d'administration ou l'évolution de la conjoncture, est restée constante, cet accueil favorable est désormais incontournable», a-t-il souligné. Mohammed VI a également adressé ses remerciements à «la position claire et responsable de l'Espagne, ce pays voisin qui connaît parfaitement bien l'origine et la véritable nature de ce conflit». Une «posture constructive» qui, a précisé le roi, «a marqué une étape nouvelle dans le partenariat hispano-marocain que nulle contingence régionale, nul développement politique interne ne peuvent désormais affecter». Pour rappel, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a affirmé, dans une lettre envoyée le 14 mars au souverain, que son pays considère «la proposition marocaine d'autonomie présentée en 2007, comme étant la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour résoudre ce différend». Depuis le chef de l'exécutif n'a pas montré des signes de fléchissement, malgré une forte opposition de son appui à Rabat au sein de sa propre majorité gouvernementale et dans les rangs de ses alliés catalans et basques. Le statu quo de la France devient une anomalie Dans son discours du 6 novembre 2021, à l'occasion de la Marche verte, Mohammed VI avait invité les partenaires du Maroc à «formuler des positions autrement plus audacieuses et plus nettes au sujet de l'intégrité territoriale du Royaume». Un appel parfaitement reçu par de nombreux pays européens. Dans son allocution du samedi 20 août, le souverain a cité les Etats qui ont adhéré à son appel, tels «l'Allemagne, la Hollande, le Portugal, la Serbie, la Hongrie, Chypre et la Roumanie». Un appui qui «contribuera à poser un nouveau jalon dans les relations de confiance avec ces nations amies, à renforcer le partenariat de qualité qui les lie à notre pays». Quant aux autres pays encore réticents à franchir ce cap, le souverain a tenu à leur adresser un «message clair», précisant que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit». Et d'inviter particulièrement les «partenaires traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambiguës qu'ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque». La France est-elle concernée par le messaage royal ? Jusqu'à présent Paris, pourtant classée dans la catégorie des «partenaires traditionnels» de Rabat, traine encore le pas pour annoncer officiellement son appui au plan d'autonomie proposé par le Maroc comme la base du règlement de la question du Sahara occidental. Un statu quo de Paris qui dénote par rapport à l'évolution positive de Madrid, Berlin, Lisbonne, ou Amsterdam ces derniers mois. Officiellement, la question du Sahara n'était pas au menu de l'entretien téléphonique, du 22 juin, entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue française, Mme. Catherine Colonna. Cependant, la présence économique française au Sahara est évidente. En témoignent les ouvertures, en 2018 et 2019, de deux délégations de la Chambre française de commerce et d'industrie au Maroc à Laayoune et Dakhla.