Maroc-USA: Signature d'un accord de jumelage entre la commune de Dakhla et la ville de Columbus    Le PPS face à la corruption et aux corrupteurs    Ce « besoin de politique »    Parlement européen. L'intergroupe "Sahara occidental", une menace pour la stabilité de l'Europe    Sahara: Le Togo réaffirme à l'ONU son soutien au plan d'autonomie    Ryad Mezzour: L'industrie, un véritable catalyseur d'investissement et d'exportation    Le gouvernement recourt au marché international    Energies vertes : Le Maroc aspire à doubler sa production électrique au Sahara    La Bourse de Casablanca clôture en baisse    E-paiement: Le CC revient sur les engagements du CMI et ses partenaires    DGM : L'année 2023, la plus chaude et sèche au Maroc depuis 80 ans    Armement : Vers le grand come-back du "Made In France" au Maroc    Elim CAN 2025 : Le Stade municipal d'Oujda terre d'accueil du match entre le Maroc et le Lesotho    CAF : Le Maroc hôte de la Ligue des Champions d'Afrique féminine du 9 au 23 novembre    Elim CAN 2025 : 8 pays ont déjà validé leur ticket pour la compétition qui se déroulera au Maroc    L'INTR EAU d'Agadir : Premier Institut national dédié à la recherche sur l'eau    Le Laboratoire de Narratologie célèbre les écrits de Mohamed Berrada    La Fondation Attijariwafa bank inaugure l'exposition de photographie « Génération objectif : Loin des clichés »    Une reine nommée Abdelmoumen!    Rabat : La culture en chœur pour célébrer l'amitié Maroc-Kazakhstan    Interview avec Rachid Ennassiri : « la musique amazighe est en pleine effervescence »    Plus de 10.000 participants attendus au Marathon international de Casablanca    Victoire des Dacia Sandriders au Rallye du Maroc    Agriculture : plus de 4.000 femmes accompagnées par ElleMoutmir    Algerian President affirms UN Sahara resolutions, resists implementation    Morocco to double green energy in Sahara for 2030 World Cup    EU border crossings down 42% in first nine months of 2024, Morocco routes remain high    Iran-Polisario. Les fourberies du mollah    Frontex : Les passages aux frontières de l'UE ont baissé de 42% depuis janvier 2024    Prix des médicaments : Ait Taleb annonce une baisse pour 169 produits    Satisfaction client : Saad Berrada dévoile la méthode d'Intelcia (VIDEO)    Lutte contre la criminalité transfrontalière : le Maroc et la Belgique signent un mémorandum d'entente    Equipe nationale anglaise: Tuchel nouveau coach    France : Le CFCM s'indigne de ceux qui «défendent les crimes de guerre» à Gaza    Liban : Plus de 400.000 enfants déplacés en trois semaines par la guerre    Benjamin Netanyahu ne doit pas « s'affranchir des décisions de l'ONU » avertit Macron    Conseil de l'Europe : Rabat exprime son engagement envers la gouvernance locale, le développement durable et la coopération internationale    Le temps qu'il fera ce mercredi 16 octobre    Qualifs.CDM26. AMSD: L'Argentine et le Brésil prolifiques!    Qualifs. CDM 26. Asie: Sellami respire, Mancini bientôt remercié !    Revue de presse de ce mercredi 16 octobre 2024    Le propriétaire de City Club placé en détention préventive à Oukacha    Démantèlement d'un gang à Casablanca utilisant InDrive    Gastronomie. Les saveurs camerounaises présentées à Yaoundé    Après l'Algérie, l'Afrique du sud et la Namibie se félicitent des arrêts de la CJUE    Les éducateurs du préscolaire durcissent le ton en raison des exclusions    Concours : DS Art Talents consolide son engagement pour l'art    « La labellisation du caftan le protégera contre la spoliation »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Feïza Ben Mohamed : «Le CIPDR crée un cyberharcèlement visant mon travail de journaliste»
Publié dans Yabiladi le 01 - 08 - 2022

Journaliste pour l'agence de presse turque Anadolu en France, Feïza Ben Mohamed est ciblée, depuis le 30 juillet, par des commentaires racistes, sexistes, insultants, après avoir couvert l'éventuelle expulsion de l'imam franco-marocain Hassan Iquioussen vers le Maroc. Cette campagne, que la concernée qualifie de cyberharcèlement, a commencé par un tweet où le secrétariat général du CIPDR l'a pointée du doigt.
Un compte gouvernemental a cité votre nom en tant que militante et soutien d'un imam visé par une procédure d'expulsion, après la publication d'un article de presse que vous avez signé. Que pensez-vous de cet usage ?
Le tweet du secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) traduit l'usage inapproprié de mettre à disposition un service de l'Etat pour décrédibiliser un travail journalistique. C'est une grave atteinte à la liberté de la presse et contraire à la liberté d'expression. C'est clairement du cyberharcèlement aussi.
Il faut souligner que cette instance dépend de Matignon. Elle devient aujourd'hui un moyen pouvant être utilisé pour faire taire des opinons politiques d'opposition, pour perpétuer des pratiques de name and shame, notamment à mon égard en tant que journaliste. Depuis cette publication sur le compte Twitter du CIPDR, j'ai reçu des centaines et des centaines de commentaires, d'insultes, de contenus sexistes, vulgaires, de réactions publiques qui remettent en question ma qualité et mon travail de journaliste, avec au passage des qualifications misogynes, islamophobes, rabaissantes…
J'ai été ciblée par toute forme de propos dénigrants et insultants, avec une publication du CIPDR comme élément déclencheur. La majorité présidentielle a voté une loi contre le cyberharcèlement et il se trouve maintenant qu'une instance du gouvernement verse dans des usages qui donnent lieu à du cyberharcèlement.
- Très fière de travailler pour l'Agence Anadolu qui est particulièrement attentive aux questions d'islamophobie
- Je n'attaque pas la France mais souhaite qu'elle préserve ses valeurs d'égalité et de fraternité
- Hassan Iquioussen n'a jamais été condamné. Il est donc innocent https://t.co/LH5fsX2QNb
— Feïza Ben Mohamed (@FeizaBM) July 29, 2022
Vous êtes connue pour intervenir souvent sur les questions d'islamophobie, un terme peu apprécié au sein du gouvernement, auquel des ministres préfèrent «anti-islam». Est-il plus difficile de traiter cette thématique aujourd'hui ?
Cette remise en question du terme islamophobie dans le débat public et médiatique est une diversion. Je suis franco-marocaine et l'islamophobie qualifie un phénomène qui touche des citoyens français dont je fais partie. C'est quelque chose qui me touche personnellement et je n'ai donc pas à attendre qu'un ministre ou que l'exécutif définissent les termes de quelque chose que je vis au quotidien. Le débat s'est exacerbé encore plus lors de l'examen du projet de loi sur le séparatisme, qui a visé l'islam en substance, créant la rupture d'égalité entre les citoyens et portant un coup du aux libertés individuelles. Le fait que cette loi soit désormais en vigueur fait craindre une série de décisions liberticides, qui mettent en porte à faux des citoyens à la fois français et originaires de pays voisins et partenaires de la France.
Je suis citoyenne et journaliste française, installée en France et qui travaille pour un média basé en Turquie, comme beaucoup de journalistes ici font partie de rédactions étrangères et de médias internationaux. J'ai envie de dire, face à la turcophobie qui est ressortie aussi des commentaires que j'ai reçus, j'ai une entière liberté de parole au sein du support pour lequel je travaille. Jamais il ne m'a été demandé de revoir ma copie, parce que soi-disant il y aurait certaines choses qui ne passeraient pas politiquement. Je ne suis pas sûre qu'au sein d'une rédaction franco-française, en dehors de quelques médias indépendants, j'aurais pu avoir cette même marge éditoriale, pour apporter un regard un peu différent de ce qu'on entend et de ce qu'on voit presque partout, et pour proposer un traitement outre celui du journalisme de préfecture.
France : L'imam marocain Hassan Iquioussen sera expulsé, annonce Darmanin
L'imam en question a cependant été épinglé pour des propos polémiques qu'il a réellement tenus, notamment sur la non-mixité, les liens entre juifs et musulmans. Comment apporter un traitement journalistique équilibré à ces affaires ?
Concernant le traitement médiatique de ce cas précis, il faut souligner que sur des milliers de conférences en ligne de l'imam Iquioussen, on a isolé un passage de trente secondes, qui a été mis en avant et présenté comme la parole récurrente et le discours de référence du concerné. Je trouve ici qu'il y a un problème, non seulement de traitement mais aussi de vérification journalistique, qui ne va pas jusqu'à confronter les versions officielles et qui véhicule donc des clichés islamophobes. Au sein de la rédaction dont je suis membre, je bénéficie de cette liberté-là et de cette possibilité de faire cet exercice.
Ce qui est majoritairement repris, en revanche, est une demi-phrase coupée d'un discours qui remonte à 2003, ce qui questionne d'abord sur la raison pour laquelle il n'a jamais été épinglé en 19 ans, puis sur cet usage de décontextualiser les propos pour diriger l'opinion public. Pourquoi on ne reprend pas aussi le moment où dans l'une de ses conférences, Iquioussen dit que c'est haram de détester les juifs ou toute personne différente de nous, en tant que musulmans ?
Encore une fois, les propos pointés datent de 2003 et si leur sens nécessite une décision, on ne peut pas se substituer au droit, court-circuiter la justice qui est là pour trancher au sujet de propos s'ils tombent sous le coup de la loi et prendre, au lieu de cela, une mesure administrative pour éloigner une personne, sachant que même pour des faits relevant du pénal, le délai de prescription existe.
France : L'expulsion de Hassan Iquioussen saluée par l'imam de Drancy Hassen Chalghoumi
Selon vous, existe-t-il un deux-poids, deux-mesures dans le traitement des cas des propos extrémistes, en fonction de la partie qui les aurait tenus ?
Il n'y a pas que les instances ou les pouvoirs publics qui versent dans ce sens, mais il faut dire que le CIPDR précisément n'est jamais intervenu jusque-là auprès d'un journaliste, au sujet de propos racistes ou d'une incitation à la haine sur un plateau télévisé, ou dans un article de presse, en faisant du name and shame comme il l'a fait à mon encontre. Or, un polémiste comme Eric Zemmour a bien été jugé par le tribunal, notamment pour des propos haineux tenus à l'antenne.
Cependant et au sein seulement des représentants des cultes en France, il faut dire qu'il y en a beaucoup d'autres, de différentes religions en dehors de l'islam, qui ont déjà tenu des propos radicaux sans jamais être ni expulsés, ni inquiétés par la justice. Je me pose la question.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.