L'Union européenne opère une révision timide de sa position initiale sur le drame de Melilla. Pointer uniquement la responsabilité des mafias de l'immigration irrégulière dans le décès d'une vingtaine de migrants, comme avait fait Charles Michel, président du Conseil européen, n'est plus d'actualité. La nouvelle position des Vingt-sept est exprimée par Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne. Dans une interview accordée à La Vanguardia, le Grec dit «partager la position de l'ONU» sur ce drame. «Nous avons constaté l'usage excessif de la force par les autorités, qui doit faire l'objet d'une enquête car c'est inacceptable», a en effet déclaré, la semaine dernière, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Schinas a toutefois trouvé des excuses au Maroc. «Nous avons demandé à nos voisins d'assumer leurs obligations dans la gestion de l'immigration. Donc, quand ils les assument, on ne peut pas non plus leur dire de ne pas le faire. Cela ne signifie pas qu'ils doivent le faire de cette façon, mais parfois des phrases et des approches simples ne suffisent pas pour comprendre ce qui se passe aux frontières de l'UE», a-t-il souligné. «Je préfère que la question des opérations soit menée par les autorités régionales et nationales. Nous devons lutter contre les trafiquants d'êtres humains, mais toujours avec un sens de la proportionnalité et dans le respect des valeurs européennes. Mais il n'y aura jamais de politique européenne d'immigration avec une frontière extérieure sans surveillance», a précisé Margaritis Schinas. Pour rappel, le Grec avait pointé du doigt la responsabilité du Maroc dans l'exode, en mai 2021, de milliers de Marocains vers Ceuta. «Personne ne peut intimider ou faire chanter l'Union européenne», avait-il dénoncé, au lendemain de ces arrivées massives de migrants marocains, dans des déclarations à la presse espagnole.