Face aux accusations étrangères pointant la responsabilité du Maroc dans la mort d'une vingtaine de migrants africains, le royaume a lancé une opération d'explication en associant plusieurs ambassadeurs africains. Le Maroc a entrepris une opération de communication pour expliquer aux diplomates africains accrédités à Rabat, le drame de Melilla. Le siège du ministère des Affaires étrangères a accueilli, ce dimanche 26 juin, une réunion entre de hauts fonctionnaires des ministères de l'Intérieur, dont notamment Khalid Zerouali, wali directeur de la migration et de la surveillance des frontières, des Affaires étrangères et d'ambassadeurs africains. Au sortir de la rencontre, certains diplomates ont appuyé la version officielle marocaine. Le représentant du Cameroun, Mohammadou Youssifou a, ainsi, couvert d'éloges les «actions d'encadrement des migrants menées par le royaume», rappelant qu'en 2013, le Maroc avait lancé «une opération de régularisation de plus de 25.000 personnes en situation irrégulière. «Le Maroc représente dignement l'Afrique dans le dialogue international sur la migration», a-t-il déclaré. «Nous sommes solidaires avec le Maroc», soulignant que l'assaut du vendredi 24 juin a connu une «violence inouïe de la part des migrants qui étaient prêts à en découdre avec les forces de l'ordre marocaines». La même solidarité a été exprimée par l'ambassadeur du Nigéria, Albashir Ibrahim Saleh Al Hussaini. Celui-ci a pointé du doigt la responsabilité de la mafia de l'immigration dans la mort d'une vingtaine de migrants africains. Son collègue tchadien, Mahamat Abdelrassoul, est allé plus loin, se disant convaincu qu' «il y a certainement une ramification externe qui est en train d'allumer le feu pour remettre en cause la politique migratoire du Maroc vis-à-vis des ressortissants africains». L'Algérie et le Polisario surfent sur le drame Cette opération de communication menée par le Maroc intervient alors que l'Algérie et le Polisario se sont emparés du drame de Melilla pour fustiger la politique migratoire du Maroc. «Ces événements tragiques mettent en relief la violation systématique des droits humains de la part d'un Etat qui a choisi, d'une part, d'instrumentaliser l'épouvantail de la submersion migratoire à des fins de chantage politique et d'autre part, de jouer le rôle de gendarme -contre espèces sonnantes et trébuchantes- dans le cadre de l'externalisation de la gestion des frontières extérieures de l'UE», a dénoncé Amar Belani, l'envoyé spécial de l'Algérie pour le Sahara occidental et les pays du Maghreb. «Les instances internationales et plus précisément le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés doivent diligenter des enquêtes indépendantes et transparentes pour déterminer les responsabilités et faire la lumière sur ces événements tragiques», a-t-il réclamé devant les médias algériens. De son côté le Polisario s'est fait l'avocat des migrants, appelant «l'Union africaine, les Nations unies et toutes les autres organisations de défense des droits de l'Homme et des droits des migrants à intervenir d'urgence pour sauver des milliers de vies dont la sécurité est actuellement en jeu en condamnant la manière barbare dont elles sont traitées depuis vendredi par les forces répressives marocaines». Dans sa lancér, le Polisario a profité de cette tragédie pour régler ses comptes avec le chef du gouvernement espagnol. «Il est inacceptable qu'un président européen célèbre la violation des droits de l'Homme contre des citoyens africains». Pedro Sanchez a déjà salué l'intervention des forces de l'ordre marocaines contre l'assaut des migrants ce 24 juin.