L'écrivain et poète Abdellatif Laâbi a publié, depuis mars, son «Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd'hui» aux éditions Point, où, avec l'écrivain et journaliste Yassin Adnan, il a réuni des textes pour les traduire de l'arabe. En introduction, il indique d'emblée qu'«à la seule énonciation du nom de Palestine (histoire, terre, pays, peuple, cause de justice, combat pour la vie, et maintenant pour la survie), la poésie se présente comme une invitée qui ne se fait pas prier». Ce livre est celui des écrits palestiniens contemporains à travers les quatre coins du monde, mais aussi de l'intérieur de la Palestine, à Gaza, en Cisjordanie ou encore à Jérusalem. Ce sont les écrits de ceux qui souffrent «à l'intérieur d'Israël d'un apartheid qui ne dit pas son nom, entassés depuis des décennies dans des camps à eux consacrés par différents pays limitrophes (Jordanie, Liban, Syrie), expatriés dans les pays du Golfe sans bénéficier d'aucun des droits de la citoyenneté», écrit Abdellatif Laâbi. En introduction, l'auteur dénonce ainsi «le silence qui entoure depuis de nombreuses années le sort du peuple palestinien» et souligne tout l'intérêt de donner la parole aux écrivains de la Palestine, dans diverses langues, afin de lutter contre l'amnésie qui les invisibilise. Il ne s'agit d'ailleurs pas du premier exercice du genre, puisque Laâbi a traduit vers le français Mahmoud Darwich et Samih al-Qassim, publiant presque tous les vingt ans une anthologie consacrée aux poètes palestiniens. Dans son long parcours, Abdellatif Laâbi a été l'auteur, dans les années 1970, d'une première anthologie. En 1990, il édite «La poésie palestinienne contemporaine», rééditée en 2002. En 2022, ce troisième volet d'anthologie est consacré aux «nouvelles voix de la poésie palestinienne». Il s'agit de treize textes d'auteurs et d'autrice nés entre 1974 et 1998, vivant en Palestine, en Jordanie, au Canada, en France, en Allemagne, en Italie, en Turquie ou encore en Islande. On y trouve les écrits d'Anas Alaili, Hind Joudeh, Yahya Achour, Enass Sultan, Hesham Abu Asaker, Ghayath al-Madhoun et Joumana Mustafa, entre autres. En mettant en avant cette nouvelle génération de poètes, l'idée pour Abdellatif Laâbi est de «révéler un champ poétique entièrement renouvelé» avec des noms publiés «à partir du nouveau millénaire». Son approche a été aussi de «garantir, dans le choix des poètes, une parité stricte entre femmes et hommes», apportant une nouvelle preuve que «c'est lors des moments les plus difficiles de l'histoire d'un peuple que les poètes se présentent au rendez-vous et donnent le meilleur d'eux-mêmes».