Un groupe d'universitaires marocains, dont d'anciens MRE, vient de lancer une pétition réclamant une nouvelle stratégie pour les MRE qui soit une rupture avec la Journée nationale qui leur est consacrée et unifie les multiples institutions chargées de cette question. Interview avec l'un des promoteurs de cette initiative, Mustapha Merizak, ancien cadre de l'association des Travailleurs Marocains en France (ATMF) et, aujourd'hui, enseignant à l'université de Meknès. Pourquoi lancer maintenant cette pétition pour une nouvelle stratégie vis à vis des MRE ? Cette initiative est l'œuvre d'universitaires et de chercheurs travaillant sur le dossier de l'immigration. Notre action est foncièrement associative. Elle n'est nullement au service de l'agenda d'une quelconque formation politique. Notre pétition vise essentiellement à : 1 Evaluer objectivement, et sans tomber dans un nihilisme en vogue actuellement, les missions des organismes en charge de la question des MRE à savoir : le CCME, la Fondation Hassan II, les ministères des Affaires étrangères, de l'Intérieur et celui des MRE. 2 Répondre aux demandes des Marocains du monde, conformément à la constitution du 1er juillet 2011. 3 Le droit à une citoyenneté complète, garantissant la pleine participation, et sans restriction, des MRE dans la vie politique nationale à l'instar de ce qui se passe ailleurs, en France, en Algérie, en Espagne et en Tunisie. Avez-vous réussi à convaincre quelques personnalités MRE de se joindre à vous? La pétition n'est pas encore ouverte à tout le monde mais nous comptons déjà l'adhésion de quelques MRE influents sur le dossier, notamment des Pays-Bas, l'Espagne et de la France. Pour le moment, je ne révélerai pas l'identité de ces personnes mais elles sont très connues et ont cumulé des années d'expérience sur la question des MRE. Comment évaluez-vous l'approche du gouvernement et des équipes précédentes de la question MRE ? Je pense que le gouvernement tourne le dos aux MRE. Nous avons grandement besoin d'une nouvelle stratégie à même de marquer une rupture avec une politique dépassée par le cours des événements. Par exemple, pendant la Journée nationale des MRE, on dépoussière quelques vieux discours du type : le soutien du Maroc dans l'affaire du Sahara et le transfert des devises. Et rien de plus. Quelle est la valeur ajoutée de votre action pour la différencier des autres initiatives de ce genre ? Nous proposons l'élaboration d'une approche participative incluant toutes les composantes des MRE afin de d'identifier les zones de blocages empêchant la concrétisation des objectifs annoncés dans les discours du roi Mohammed VI, et ce, depuis 2005. Dans celui du 20 août, le souverain s'est engagé à assurer aux MRE «une participation aussi étendue que possible à la construction du Maroc de demain, et une présence active dans les instances dirigeantes d'institutions nouvelles». Nous voulons l'application de cet engagement royal. C'est tout Notre pétition à cette originalité qu'elle émane de Marocains résidant au Maroc. Elle complète d'autres initiatives des associations de MRE installées en Europe et en Amérique. Nous avons des solutions à proposer comme unir les cinq intervenants dans le dossier des MRE en une seule institution qui soit l'unique interlocuteur des Marocains du monde. Maintenant, les MRE ne savent plus ce que fait le CCME et les limites de ses prérogatives ou encore où s'arrête le champ d'intervention de la fondation Hassan II et quel est le rôle du ministère chargé des MRE. Autant de questions qui nécessitent des réponses précises de la part des responsables. Ces institutions ont été créées dans un contexte bien spécial mais nous croyons qu'elles ne sont plus en phase avec la donne actuelle.