Alors qu'il a fait l'objet d'un marathon diplomatique de Ramtane Lamamra, le Sommet de la ligue arabe prévu en mars à Alger n'aura pas finalement lieu, au moment où que la crise diplomatique avec le Maroc et le dossier du Sahara occidental se trouveraient au cœur des différends entre les Etats membres. Alors que son président Abdelmadjid Tebboune assurait en novembre dernier que la rencontre aura bel et bien lieu en mars, le Sommet de la ligue arabe, prévu en Algérie vient d'être à nouveau reporté. L'annonce a été faite par le secrétaire général adjoint de la Ligue, Hossam Zaki dans des déclarations à la presse. Le responsable a ainsi clairement indiqué, jeudi, que le sommet arabe ne se tiendrait pas avant le prochain mois de Ramadan, sans dévoiler de date. Hossam Zaki a toutefois précisé que celle-ci sera annoncée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres qui se tiendra le 9 mars 2022. Le responsable a assuré, par ailleurs, que «presque tous les arrangements sont prêts» dans le cadre des préparatifs. Il est à noter que le sommet d'Alger discutera des développements régionaux, des événements auxquels assistent les pays arabes, en particulier la Palestine, le Soudan, la Libye, la Tunisie, le Liban et l'Irak, et du rôle de la Ligue dans la tentative d'établir la stabilité. Un report après une intense activité diplomatique de l'Algérie Le rendez-vous de l'organisation régionale, prévu initialement en mars 2020 mais reporté une première fois à cause de la pandémie du nouveau coronavirus, a fait l'objet d'une intense activité diplomatique de l'Algérie, soucieuse de «réussir» ce sommet. Ainsi, le président algérien a abordé cette question lors de ses réunions avec le président tunisien Kais Saied, le président mauritanien Mohamed Ould El Ghazouani ainsi que le président palestinien Mahmoud Abbas. En effet, plusieurs développements régionaux et mondiaux devant être abordés par les pays membres de la ligue étaient au menu. En plus de la mobilisation de son président, l'Algérie a également dépêché Ramtane Lamamra, son chef de la diplomatie, dans plusieurs capitales arabes pour aborder la tenue de ce Sommet. La semaine dernière, il s'est d'abord rendu en Arabie saoudite pour remettre à son homologue saoudien, le prince Faiçal bin Farhan bin Abdullah Al Saud, une lettre manuscrite du président Abdelmadjid Tebboune destinée au roi Salmane. Le 15 janvier, il s'est déplacé à A Abou Dhabi pour remettre à Mansour Bin Zayed, vice-chef du gouvernement et ministre des Affaires de la présidence, un message écrit similaire au président émirati Khalifa Bin Zayed Al Nahyan. Dimanche, le chef de la diplomatie algérienne était au Caire pour rencontrer son homologue égyptien Sameh Choukri. Le lendemain, il a même été reçu par le président égyptien Abdel Fettah Al-Sissi. Mardi 18 janvier, il s'est envolé à Doha pour rencontrer son homologue qatari, Cheikh Mohamed Bin Abdul Rahman Al-Thani, vice-Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar. Un «rôle» du Maroc dans le report ? Des sources diplomatiques, citées par Al Araby Al Jadeed ont expliqué, ce vendredi, que cette tournée intervient dans le cadre des négociations pour décider d'un report, suite à des différends en lien avec le Sommet. Des sources de la Ligue arabe ont ajouté que l'Algérie «n'est plus enthousiaste à l'idée d'accueillir le sommet, après que tous ses efforts ont échoué pour une réunion qui lui permettrait d'afficher sa force diplomatique». «Lors des discussions entre l'Algérie et le secrétariat général de la Ligue, la volonté de ne pas accueillir le sommet sous sa forme actuelle a été remarquée, ce qui a conduit à un accord de report de la date, dans l'espoir de résoudre certaines crises», ajoutent-elles. Par ailleurs, d'autres sources diplomatiques ont confié au média que «la lecture initiale peut indiquer un rôle pour le Maroc dans la question du report, en particulier à la lumière des relations tendues entre Alger et Rabat, liées à la crise du Sahara et le rapprochement de cette dernière avec Israël». Elles ont rappelé que «les Etats du Golfe, en tant que bloc au sein de la Ligue arabe soutiennent le Maroc face à l'Algérie», alors que celle-ci souhaitent un sommet réussi et marqué par la présence de chefs d'Etat et non de ministres. Il y a quelques semaines, l'Algérie a même accusé le Maroc de vouloir perturber l'organisation du prochain sommet arabe. Amar Belani, l'envoyé spécial chargé du Sahara occidental au ministère algérien des Affaires étrangères avait fustigé, en décembre, la publication d'une carte du Maroc incluant le Sahara par la Ligue arabe, évoquant une «manipulation grossière» et une «propagande mensongère en relation avec la tenue du prochain Sommet arabe», avant d'accuser des «sources officielles marocaines». L'Algérie a également tenté, en vain, d'imposer son propre agenda politique aux autres pays membres, en déclarant vouloir «inscrire» le soutien au Polisario sur l'agenda du prochain sommet, sachant que la Ligue arabe n'a jamais examiné le conflit du Sahara occidental. Toutefois, des sources affirment que d'autres dossiers, comme le retour de la Syrie à l'organisation régionale ainsi que la condamnation de l'Iran ont également précipité ce report.