Les membres de Al Adl wal Ihssane sont interdits d'organiser leurs propres colonies de vacances. Cette année, l'arrivée des islamistes du PJD au gouvernement n'a rien changé à ce contexte. Pas de trêve estivale pour le conflit opposant à Al Adl wal Ihssane et l'Etat. Pire, l'été est la saison propice au déclenchement de nouvelles hostilités autour des «colonies de vacances» organisées par les disciples de Abdeslam Yassine dans les forêts et les plages. Ne dérogeant point à une règle bien établie depuis 2000, cette année a connu ce genre d'incidents. A chaque tentative, minime soit-elle, des adlistes de se réunir, le ministère de l'Intérieur répond, illico presto, par l'interdiction dont la dernière en date s'est produite, le dimanche 8 juillet, à Targa à quelques 40 kilomètres de Tétouan où les autorités ont investi une maison et y expulsé des jeunes. «Une opération au cours de laquelle sept membres de notre association ont été blessés à cause, justement, de l'intervention brutale des forces de l'ordre», affirme Hassan Bennajeh, le directeur du bureau du porte-parole de la Jamaâ . A signaler qu'aucune détention de membres de ADL n'a été relevée. Cette opération n'est pas la seule, elle a été, d'ailleurs, précédée par une autre action à Taza. Début de ce mois, les autorités de cette ville ont interdit à une association locale de tenir une colonie de vacances dédiée aux enfants «sous prétexte que certains parents de ces enfants sont membres de Al Adl wal Ihssane», indique Bennajeh. La Jamaâ n'est pas «reconnue» Que ce soit à Taza ou à Tétouan, «les autorités motivent les interdictions de ces colonies de vacances par le fait que la Jamaâ n'est pas officiellement reconnue», explique Hassan Bennajeh. A notre question de savoir si la direction de Al Adl wal Ihssane a saisi le ministère de la Justice dirigé par un PJDiste pour savoir les raisons de ces mesures, notre interlocuteur répond par la négative. «Rien n'a changé. Le réel pouvoir n'est pas entre les mains du gouvernement qui n'a pas d'emprise sur le ministère de l'Intérieur ou encore celui de la Justice», déplore-t-il. Pour le moment la direction du PJD garde le silence sur cette affaire. Pire encore Abdelali Hamieddine s'est déclaré, dans une tribune publiée, la semaine dernière, au quotidien Akhbar Al Yaoum «contre toute forme de campements sectaires.» La «guerre» des colonies de vacances a démarré timidement en 1999 pour ensuite monter d'un cran une année plus tard boostée par la levée, le 19 mai 2000, de la résidence surveillée à laquelle était assignée Abdeslam Yassine dans sa villa de salé. Le cheikh avait ordonné à ses adeptes d'investir les plages publiques, donnant lieu à des scènes anodines de prières collectives des adlistes sous le regard des passants et la surveillance des forces de l'ordre.