Alors que Rabat est inscrite depuis le 29 juin dernier au patrimoine mondial de l'Unesco (cf notre article), les habitants de la ville se plaignent de la trop grande insalubrité qui règne dans la capitale du royaume, sous le regard «indifférent» de la mairie. Poubelle à quelques mètres de la gare de Rabat (Ph: Ismail Azzam via Facebook) img id="article_img_2" itemprop="image" src="https://static.yabiladi.com/files/articles/370_e2de253fb0e219c3146ebc42cb964857.jpg" alt="Poubelle en pleine rue à Rabat (Ph: groupe Facebook \" Rabat sous les ordures\")" / Poubelle en pleine rue à Rabat (Ph: groupe Facebook "Rabat sous les ordures") Rabat, près du centre ville jeudi 28 juin et le lendemain, la ville a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Avenue Mouqawama - Ocean Avenue Zerktouni Qbibat Rue Madagascar - Tribunal de première instance Rue Madagascar Cité universitaire Moulay Ismail Océan - Rabat Océan - Rabat Place Moscou Rue Suisse Des tas d'ordures un peu partout dans la ville, parfois même en pleine chaussée, voilà ce à quoi ont droit les habitants de la ville royale depuis plusieurs semaines. «Le phénomène est d'autant plus dangereux qu'il fait chaud depuis quelques jours ce qui rend notre quotidien plus difficile avec les odeurs nauséabondes», explique à Yabiladi une habitante de Rabat. Cette dernière réside à l'Océan, un quartier populaire du centre-ville de Rabat et travaille à Hay Riad. Sur son chemin, «le spectacle d'ordures est devenu habituel» depuis quelques semaines dans son quartier et dans plusieurs autres de la ville comme Hassan, Qbibat et le centre-ville de Rabat. Santé publique en danger Même si «les grandes artères ont été "nettoyées" ce matin, il reste une eau sale à la place des ordures avec une odeur pestilentielle, indique notre source à Rabat, ajoutant que les rues sont toujours garnies de leurs tas de poubelle. Les habitants de Rabat craignent pour la santé de leurs enfants, surtout ceux en bas âges, avec l'affluence de moustiques. Ils en appellent au maire M. Oulaalou, aux élus dans les communes et au parlement ainsi qu'au ministère de l'Intérieur «pour faire face de façon responsable et urgente à ce problème qui est en train de devenir un problème de santé publique». Tellement exaspérés, les Rbatis publient, sur le réseau social Facebook, des images de la ville illustrant cet état d'insalubrité. Un groupe a même été créé pour l'occasion : «Rabat sous les ordures». Ils n'en peuvent plus et ne manquent pas de le signifier. «J'ai le sentiment d'être une mouche», indique l'administratrice du groupe. «Qu'attendons-nous ? Que le choléra frappe la ville ou que notre cher maire ait des remords ?, s'interroge-t-elle. Qui en est responsable ? «Les gens pensent que le problème vient de la société ?, s'interroge une de nos sources à Veolia Propreté Maroc. Le problème ne vient pas de la société. On sait d'où vient le problème. Celui qui veut comprendre, va comprendre, dit-elle en sous-entendant la réponse avant de lancer : «c'est un problème de règlement !». En réalité, le problème ne date pas d'aujourd'hui. Les Rbatis se plaignent de l'insalubrité de la ville depuis plus d'un an. Mais, depuis le mois de mai dernier, la situation est devenue chaotique. Deux principales sociétés assurent le nettoyage de la capitale : Tecmed Maroc et Veolia Propreté Maroc. Chez Tecmed, les grèves se sont enchainés depuis début mai, pour cause de primes non versées par la société. Veolia, quant à elle, n'assurerait plus régulièrement le ramassage des ordures pour faute de «règlement» de la part des autorités de la ville, confie discrètement à Yabiladi une source proche du management de la société. «Qu'est-ce-que vous croyez ? Une société française, une multinationale en plus, arrive comme ça au Maroc et il faut qu'elle travaille et assure elle-même son propre règlement ? C'est pas logique», déclare notre source d'un air outragé. D'après elle, «les rumeurs fustigent de partout, mais tout le monde sait ce qui se passe. Puisque c'est un sujet sensible, en rapport avec l'Etat, on ne peut pas en parler». Si l'on s'en tient aux informations reçues chez Veolia Propreté Maroc, l'état d'insalubrité de Rabat serait dû, en partie, à un problème de règlement des factures par les autorités de la ville. Pourtant, le contribuable paye pour le ramassage des ordures. C'est à cela que sert la «taxe de services communaux», anciennement appelée taxe d'édilité. Où va donc cet argent s'il ne sert pas au nettoyage de la ville ? A la mairie de Rabat, le maire, le secrétaire général de la mairie et leurs collègues étaient en «réunion à l'extérieur» toute la journée. Pas moyen d'obtenir des réponses. Pour rappel, la ville est classée dans le patrimoine mondial de l'Unesco depuis vendredi dernier et d'après l'organisme, le classement ne se fait, entre autre, «qu'à la condition que le gouvernement du pays s'engage à protéger le site». Visiblement, le Maroc n'a pas encore entamer la mise en oeuvre de cet engagement. Ou alors si elle le fait, c'est bien partiellement, puisque dans certains endroits de la ville comme Agdal et Hay Riad, il n'y a aucune trace d'insalubrité. Que doit-on comprendre? Rabat : Le contrat de Veolia résilié à la fin de l'année en cours Selon le vice-président du Conseil communal de Rabat chargé de la propreté, Abdelmonaïm Madani, le contrat liant le Conseil avec la société Veolia, qui gère la propreté dans les arrondissements de Yacoub El Mansour et Hassan, sera résilié avant la fin de l'année en cours, rapporte la MAP. Pour Madani, la société ne maîtrise pas les moyens de travail, notamment humains, ce qui nécessite un nouvel appel d'offres dans les prochains jours se basant sur une étude réalisée récemment et dont les résultats seront remis à la session ordinaire du Conseil de la ville, qui sera tenue au cours de ce mois.