Après l'annonce, par le ministère de l'Intérieur, des résultats des élections des membres de la Chambre des conseillers, au cours desquelles le PJD a remporté 3 sièges, plusieurs leaders de la formation politique ont considéré ces sièges comme «indignes» et «suspects», appelant leur direction à les refuser. Contrairement aux pronostics suggérant qu'il reviendra bredouille, le PJD n'est pas sorti les mains vides des élections à la Chambre des conseillers qui ont eu lieu hier. La formation politique du chef du gouvernement sortant a même réussi à obtenir trois sièges, bien que le parti ne dispose que de quelques dizaines de sièges dans les trois régions, où ses trois conseilleurs ont été élus. Mais depuis l'annonce, hier soir, des résultats par le ministère de l'Intérieur, plusieurs dirigeants et figures de proue du parti de la Lampe ont remis en cause les résultats de ces élections, allant même jusqu'à qualifier les résultats des scrutins de «suspects» et de «douteux». «L'obtention de trois sièges dans trois régions avec un nombre de voix dépassant de loin ce que nous avons obtenu lors de la débâcle du 8 septembre est étonnant», a indiqué l'ancienne parlementaire Amina Maelainine, dans un post Facebook. Trois sièges «suspects» : une «charité politique» ? «Nous avons été premiers dans deux régions, suivi du RNI qui a raflé les conseils municipaux et régionaux. Comment est-ce possible ? Qui a ordonné aux électeurs des autres partis de voter pour les candidats du PJD, alors que nous savons très bien ce qui se passe lors des élections des conseillers et le prix d'une voix sur l'abominable marché des 'gros électeurs' ?», s'est encore interrogée l'ancienne parlementaire et membre du Conseil national du PJD. «Beaucoup d'entre eux ont payé cher pour défendre le sens de l'engagement et de la lutte politiques. Comment pouvons-nous alors accepter aujourd'hui ce qui ressemble à de la 'charité politique que notre dignité politique ne nous permet pas d'accepter, peu importe la difficulté de la situation de notre parti ?» Amina Maelainine Décrivant les trois sièges obtenus à la Chambre des conseillers comme «impossibles» et les scrutins comme «marchés noirs», elle a rappelé que son parti a historiquement choisi de «ne pas y mettre les pieds afin de préserver ses principes politiques et sa distinction partisane». «En réalité, nous ne méritons pas trois sièges 'suspects' à la Chambre des conseillers. Peu importe à quel point nous essayons de les justifier, les accepter ne respecte pas notre politique et valeurs militantes», a-t-elle poursuivi. Dans un autre post, Amina Maelainine a confié que l'ancien secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane l'avait appelée pour lui annoncer son accord avec le contenu de son post précédent sur Facebook. «Il m'a exprimé son profond regret et douleur concernant ce qui s'est passé, car cela constitue une violation des règles du processus électoral et des valeurs de la politique en laquelle le Parti croyait», a-t-elle conclu. Des PJDistes qualifient les résultats d'«incompréhensibles et illogiques» Mohamed Najib Boulif, ancien ministre et membre du secrétariat général du PJD, a également commenté les résultats des élections à la Chambre des conseillers. «La main invisible, qui s'est ingérée dans les résultats du 8 septembre, récidive pour celle du 5 octobre», a-t-il écrit sur sa page Facebook. Un avis partagé aussi par Abdessamad Idrissi, membre du secrétariat du PJD. «En effet, ce sont des élections du siècle dernier. Les résultats restent incompréhensibles et illogiques et ne reflètent pas la réalité de la carte politique. Cette absurdité doit être rejetée, l'aumône dans la politique ne doit pas être acceptée, tout comme ces sièges qui ne doivent pas être acceptés politiquement.» Abdessamad Idrissi D'autres membres du Conseil national du parti de la Lampe et ex-parlementaires, comme l'avocat Reda Bougemazi, Mohammed Amahjour ou encore Hassan Hamourou ont également dénonce l'obtention de trois sièges à la Chambre des conseillers, en qualifiant les résultats obtenus d' «incompréhensibles et illogiques». A noter que le portail du Parti de la justice et du développement n'a pas encore publié les résultats des élections de la Chambre des conseillers ou rapporté que la formation politique a obtenu 3 des 120 sièges de cette Chambre. Mardi soir, le ministère de l'Intérieur a annoncé que le Rassemblement national des indépendants est arrivé en tête pour lesdites élections, avec 27 sièges, suivi par le Parti de l'authenticité et de la modernité (19 sièges), le Parti de l'Istiqlal (17 sièges), le Mouvement populaire (12 sièges) et l'Union socialiste des forces populaires (8 sièges). L'Union constitutionnelle a remporté deux sièges. Trois autres partis ont réussi à obtenir chacun un siège, contre un autre pour un candidat indépendant.