Les critiques émanant des militants et leaders du PJD à la veille de l'annonce du cabinet de Saâdeddine El Othmani se multiplient. Mardi, Amina Maelainine et Hassan Hamourou ont appelé à la tenue d'une session extraordinaire du conseil national du parti. Abdessamad Sekkal et Abdelali Hamidine suggèrent quant à eux de prendre ses distances avec le prochain exécutif. A la veille de l'annonce de la très attendue composition du nouveau gouvernement, le torchon brûle au sein du Parti de la justice et du développement (PJD). Le parti de la Lampe est secoué depuis le limogeage d'Abdelilah Benkirane et la nomination de Saâdeddine El Othmani pour diriger le prochain exécutif. Mais alors que le Cabinet El Othmani devra être reçu dans les prochains jours par le roi Mohammed VI, la colère et le mécontentement des membres du secrétariat général et du conseil national du PJD se sont invités sur les réseaux sociaux. Si certains leaders ont publiquement appelé à prendre de la distance du prochain Cabinet El Othmani, d'autres appellent à la tenue d'une session extraordinaire du conseil national pour encadrer le débat ou du moins s'exprimer dans un cadre plus retreint. Une cession extraordinaire pour sauver le PJD La députée parlementaire et membre du secrétariat général du parti de la Lampe, Amina Maelainine était la première à formuler une proposition dans ce sens. Dans un post Facebook, la députée parlementaire élue à Casablanca a d'abord insisté sur le droit des sympathisants d'exprimer leur mécontentement, «surtout que la direction ne s'est pas exprimée dans un communiqué claire sur ses positions et les dernières actualités». Elle a rappelé, dans une autre publication plus récente, l'article 28 du règlement interne du parti pour appeler à l'organisation d'une session extraordinaire en s'adressant au bureau et au président du conseil national. «Nous avons besoin d'un espace institutionnel pour abriter le débat important qui se déroule actuellement entre les membres, les sympathisants et les personnes intéressées. Je demande aux frères et sœurs du conseil national, qui partagent cette même idée d'adresser leurs demandes pour atteindre le quota», a-t-elle écrit. Un pas qui a été salué par plusieurs internautes. Cette tentative a également été partagée par d'autres membres de la formation politique d'Abdelilah Benkirane, à l'instar d'Hassan Hamourou, également membre du conseil national du PJD. «En tant que membre du conseil national et compte tenu de ce qui semblerait être une déviation de la décision de la dernière session du 18 mars 2017 et des conclusions choquantes de ce qu'on appelle la formation du gouvernement, j'ai adressé une lettre le 27 mars dernier au président du conseil (Saâdeddine El Othmani, ndlr) et à son bureau pour la tenue d'une session extraordinaire dans le plus bref délai pour discuter des conditions auparavant refusées par le secrétariat général», écrit-il dans un post Facebook. «Prendre de la distance» pour «réduire les pertes» Mais si certains tentent de pousser la formation politique du chef de gouvernement désigné vers l'organisation d'un débat autour des concessions présentées par le PJD lors de la formation de l'actuelle coalition, d'autres tendent vers le désengagement du PJD et de son secrétariat général de toute responsabilité politique. Le président de la région Rabat-Kénitra et responsable national de la division organisation et communication interne du PJD, qui s'est exprimé sur ce sujet, est de ceux-là. Dans un post Facebook, Abdessamad Sekkal a publiquement appelé à «prendre de la distance avec le prochain gouvernement. «Au-delà des derniers détails sur la formation du gouvernement attendu, il faut prendre de la distance avec cet exécutif, travailler pour réduire les pertes et préparer la prochaine étape», a-t-il écrit. Son camarade Abdelali Hamidine ne mâche pas ses mots. «Il faut que vous sachiez que le docteur Saâdeddine El Othmani ne partage pas les détails de la gestion du gouvernement, ni avec le secrétariat général ni avec le secrétaire général», écrit-il en commentaire de sa publication. Le président de l'ONG Mountada Al Karama estime que le gouvernement n'est que «l'expression de la volonté des plus forts, imposée à des partis politiques dépourvue de toute volonté». «Permettez-moi de dire que notre gouvernement - auquel je souhaite tout le succès et la réussite - n'est pas le résultats d'alliances entre partis politiques libres et souverains. Il n'est pas non plus le résultat d'un consensus politique profond ou d'une négociation volontaire. Il est l'expression de la volonté des plus forts, imposée à des partis politiques dépourvue de toute volonté.» Abdelali Hamidine de conclure : «Il serait naïf de tenter de convaincre les gens qu'il s'agit d'un gouvernement politique expressif du scrutin du 7 octobre.» Les réactions des leaders du PJD se multiplient à la veille de l'annonce du prochain cabinet de Saaâeddine El Othmani, qui ne fait pas l'unanimité dans les rangs de sa propre formation politique. En attendant, le ténor du parti, Abdelilah Benkirane, semble faire la sourde oreille par rapport aux revendications de ses «frères» et «sœurs».