En l'espace de deux jours, le projet de réaménagement de la gare ferroviaire Rabat-Ville a été remis en avant, après que l'éventuelle destruction d'une partie de la muraille almohade a été évoquée. Les murs, vieux de 800 ans, font partie des vestiges historiques du vieux centre-ville de la capitale. Ville classée par l'UNESCO patrimoine mondial depuis 2012, Rabat a été au cœur d'une controverse sur les réseaux sociaux, après que l'idée de destruction d'une partie de la muraille almohade près de la gare ferroviaire du centre-ville a refait surface. Ce réaménagement, prévu dans le plan initial d'agrandissement de la gare historique, devrait compléter le projet annoncé depuis 2016. Il est censé permettre une nouvelle ouverture, avec la construction d'une deuxième tour en vis-à-vis avec l'ancienne. Mais l'idée rappelle le triste sort du Café maure des Oudayas, après une reconstruction promise à l'identique qui a laissé place à une version rustique de cet espace prisé pour sa vue sur le Bouregreg. Oui c'est prévu depuis l'inauguration en 2016 pic.twitter.com/8ShDfQmDiK — المهدي (@almahdi007) September 30, 2021 Mais le classement du centre-ville à l'UNESCO qui en fait un patrimoine inamovible a fait interroger des acteurs associatifs sur le projet, depuis le début du chantier. «Dans les maquettes initiales, il était bien question de se défaire d'une partie de la muraille pour créer une nouvelle ouverture. Mais ce point a longtemps été débattu. Il a précédemment figuré dans l'ordre du jour de réunions de consultations entre le ministère de la Culture, l'UNESCO et les acteurs de la société civile», a indiqué une source associative, contactée par Yabiladi. «Aux dernières nouvelles, l'idée de cette destruction aurait été abandonnée», ajoute la même source. Contacté également par Yabiladi vendredi, un responsable au sein de l'Office national des chemins de fer (ONCF), institution auteure du projet, a abondé dans ce sens. Les informations autour de la destruction d'une partie de la muraille historique «sont infondées», a insisté notre interlocuteur. L'ONCF n'a cependant pas communiqué de manière officielle sur cette position. En 2019, l'UNESCO a déjà rappelé à la Ville que le classement impliquait un engagement sur la cohérence des réaménagements urbains avec l'aspect urbanistique de Rabat. Un an plus tard, en mai 2020, le Rapport sur le bien du patrimoine mondial a noté que suite aux résultats de l'étude d'impact patrimonial (IEP), «le comité de suivi présidé par le Wali a demandé à l'ONCF de minimiser l'impact du projet sur la muraille en réduisant le nombre de percées à une percée, au lieu de deux prévues initialement, et en réalisant un joint de dilatation étanche entre la muraille et la plate-forme qui surplombe les quais, permettant à cette dernière de ne pas prendre appui sur la muraille». Il a également été demandé de «consolider et restaurer le tronçon de la muraille situé le long de la tranchée ferroviaire» et de «proposer des variantes pour l'accès au complexe ferroviaire, en concertation avec le comité de suivi». Le document a noté que l'ONCF avait «accepté ces propositions et s'est engagé à les respecter». Maroc : L'UNESCO recommande à Rabat de revoir sa «folie des grandeurs» Une «opacité» sur les décisions prises concernant le projet Pour leur part, les élus locaux seraient peu informés sur l'évolution des décisions prises au sujet du réaménagement de la gare de Rabat-Ville, selon Omar El Hayani, membre du conseil de la Ville pour l'Alliance de la fédération de gauche (AFG). «Un démenti anonyme par le biais de la presse sur un chantier aussi controversé depuis son lancement ne garantit pas que la destruction n'aurait pas lieu, alors qu'elle fait partie du projet annoncé depuis des années», a estimé le représentant. «Si l'idée est abandonnée, il faut que l'ONCF fasse une communication officielle à ce propos, afin de clarifier les choses», a-t-il souligné. L'élu de l'arrondissement Agdal-Ryad a rappelé que la nouvelle architecture greffée à la gare «n'a déjà pas lieu d'être dans cette zone, surtout que l'avenue Mohammed V est classée et que l'UNESCO a fait objection sur ces travaux-là, puisque le classement implique qu'on ne puisse pas intervenir de la sorte dans le paysage urbain de cette partie». L'avancement des travaux «a montré que la nouvelle architecture n'avait plus sa place dans l'ensemble urbanistique qui l'entourait», a-t-il indiqué. Après son arrêt, le chantier aurait été confié à un autre architecte «en charge de repenser des modifications plus homogènes avec l'environnement». Une éventuelle destruction constitue, pour Omar El Hayani, une continuité des projets de réaménagement du centre-ville qui ont modifié des aspects du paysage original. Dans ce sens, l'élu dit espérer que l'idée de destruction partielle de la muraille ait bien été abandonnée. Article modifié le 2021/10/02 à 13h52