Après l'huile alimentaire, c'est au tour du lait. L'ONA vient de se retirer de la Centrale laitière. Il reste encore les biscuiteries et le sucre pour se désengager totalement, ou presque, du secteur de l'agroalimentaire. Le holding royal vient de céder 38% de ses actions à la Centrale laitière à Danone. L'opération qui a couté 500 millions d'euros a permis au groupe français de porter sa présence dans le tour de table de la Centrale à 67% des parts. Il est désormais l'actionnaire majoritaire. Ce désengagement de l'ONA/SNI de la compagnie laitière intervient quatre mois après la vente, en février dernier, de 41% de Lesieur-Cristal, 1er producteur de l'huile alimentaire au Maroc, à Sofiprotéol, également un groupe français. Le montant de cette transaction était évalué à 130 millions euros. Ces deux cessions répondent, en effet, à la nouvelle stratégie du holding royal. Depuis la fusion, mars 2010, entre ONA (Omnium nord-africain) et SNI (société nationale d'investissement), le management s'est fixé de nouveaux objectifs : se désengager progressivement des secteurs de l'alimentation pour se consacrer essentiellement sur de nouvelles niches, au Maroc, en Afrique et ailleurs dans le monde, comme la téléphonie et l'énergie. Des niches bien rentables et qui ont l'avantage d'être à l'abri des regards curieux des journalistes et de certaines associations nationales et internationales soucieuses de pister les investissements du holding royale. Le printemps arabe et l'émergence du mouvement du 20 février ont nettement accéléré la concrétisation sur le terrain de cette stratégie afin de donner une nouvelle image du holding et, également, du roi. Une opération qui n'est pas sans rappeler le retrait, en 2003, du même holding dans le tour de table de la société Brasserie du Maroc. Une présence qu'avait critiquée, en son temps certains religieux de Al Adl wal Ihssane, arguant qu'elle était en totale contradictoire avec le statut du roi en tant que Commandeur des croyants. Une opération qui avait bénéficié au français Castel, leader mondial dans le domaine des boissons alcooliques. Le même groupe, fondé en 1949, figure, à hauteur de 20%, dans le tour de table de Sofiprotéol, qui achetait 41% des actions de l'ONA dans Lesieur-Cristal. Ces trois transactions confirment, si besoin est, le tropisme français du holding royal.