Sans appeler ouvertement les Marocains à voter pour le PJD, Abdelilah Benkirane s'en est pris violemment à Aziz Akhannouch, estimant que le président du RNI n'a pas l'étoffe pour diriger le prochain gouvernement. Abdelilah Benkirane s'invite, à sa manière, dans la campagne pour le scrutin du 8 septembre. A deux jours de ce grand rendez-vous législatif, l'ancien chef du gouvernement a voulu «contribuer» à la campagne électorale du PJD même s'il a expliqué que «son discours s'adresse à l'ensemble des Marocains» et est destiné «à défendre l'Etat». Benkirane a tiré à boulets rouges essentiellement sur Aziz Akhannouch, et dans une moindre mesure sur Al Adl wal Ihsane et Annahj Addimocrati, mais sans citer ces derniers nommément. L'ex-secrétaire général du PJD a estimé que le président du RNI «n'a pas l'étoffe pour diriger un exécutif», ajoutant que «Si Aziz n'a pas de personnalité politique». Quelques minutes plus tard, Benkirane n'hésitera pas à dire que «Si Aziz n'a que l'argent. Il n'a ni idéologie, ni passé historique, ni culture et ni parti politique». Et de rappeler certains fausses sorties médiatiques d'Akhannouch, citant particulièrement l'incident de son discours de décembre 2019 en Italie, lorsqu'il s'est prononcé pour «rééduquer les Marocains qui manquent d'éducation». «Qui vous a dit que l'Etat a besoin de vous ?» Dans son long réquisitoire, Benkirane a dépassé le «je» pour s'autoproclamer porte-parole et avocat de l'Etat. «Si Aziz, qui vous a dit que l'Etat a besoin de vous et de vos semblables ?», a-t-il cablé. Et d'enchainer en réaffirmant que l'habit du chef du gouvernement n'est pas fait pour le président du RNI, arguant que «la présidence de l'exécutif nécessite d'autres personnes, d'abord politiques, ayant un passé qui plaide en leur faveur et lorsqu'ils prennent la parole, les gens les écoutent». L'ancien secrétaire du PJD a conclu que son adversaire ne peut prétendre à prendre la première place du podium qu'avec «le recours à l'argent», précisant que «jamais dans l'histoire du Maroc, un chef de gouvernement n'a accédé à ce poste par l'argent». En plus de ces accusations, Benkirane a averti indirectement les Marocains de l'avenir qui les attend si Akhannouch devient le prochain chef de l'exécutif. Un avertissement adressé également à l'Etat qui, selon ses dires, «sera face-à-face avec le peuple». Et de poursuivre en mettant en garde sur «un retour du Mouvement du 20 février». Benkirane a révélé, par ailleurs, que le président du RNI avait exigé, lors des négociations ayant suivi les législatives du 7 octobre 2016, «la mise à l'écart de l'Istiqlal et de n'accorder aucune aide directe aux Marocains». Une séquence ayant pour but de torpiller les promesses que le chef du parti de la Colombe distribue, depuis quelques semaines, aux enseignants et aux jeunes sans emploi. «D'où allez-vous amener toutes ces sommes d'argent ?», s'est interrogé le PJDiste. Benkirane a réitéré que «la présidence du gouvernement demande une personnalité politique, intègre, propre et qui ne fait pas l'objet de soupçons relatifs aux 17 milliards de dirhams (relatif à la polémique sur l'entente sur les prix des hydrocarbures, ndlr) ou sur l'expansion de sa fortune». Dans son discours, l'ancien secrétaire général du PJD n'a pas appelé les Marocains à voter pour le PJD. En revanche, il les a exhorté à ne pas écouter les voix les invitant à boycotter le scrutin du 8 septembre. Il pointe, notamment Al Adl Wal Ihsane et Annahj Addimocrati. Pour mémoire et avant les législatives de 2011, Benkirane avait réservé un long réquisitoire à l'ancien président du RNI, Salaheddine Mezouar. Deux années plus tard, il le couvrait d'éloges et l'intègrait dans son gouvernement après les démissions des ministres de l'Istiqlal.